Découverte de la philosophie
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La Dissertation Philosophique au Bac (4 heures)

En quoi consiste la dissertation philosophique

1. Le choix du sujet (5 à 10 minutes)

2. La quête des idées : la "chasse de Pan" (15 à 20 minutes)

3. La fabrication du plan ( 1 heure ½)

4. La rédaction écrite du devoir (2 heures)

5. Les qualités d'une bonne dissertation

6. Conclusion :  La liberté de pensée

7. Un modèle de dissertation : "Sommes-nous prisonniers du temps ?"

En quoi consiste la dissertation philosophique

C'est sur votre capacité à disserter que vous serez jugés au bac.

La dissertation est un exercice conventionnel qui obéit à des règles particulières.

A partir d'une question précise, vous disposez de quatre heures pour rédiger à peu près 6 pages, ce qui correspond à ¼ heure de parole.

"La réussite, c'est 1% de génie, 99% de sueur."  Edison.

Rappelez-vous souvent cette citation pour vous aider…

Ce cours vous explique les "règles du jeu" et n'a pour but que de vous aider. Choisissez les techniques qui vous conviennent le mieux. Les répétitions que vous trouverez dans ce cours ne sont pas inutiles !

Le sujet est toujours présenté sous la forme d'une question. Même si elle vous paraît naïve, elle ne l'est pas, elle est "minée". Trouvez-en tout de suite les multiples ramifications ou arborescences, les enjeux. Certes l'on vous demande ce que vous en pensez, et vous avez la liberté de le dire à la fin du devoir. Mais, avant il faut faire parler les autres philosophes. En somme, on vous demande d'être le metteur en scène d'un dialogue, qui donnerait la parole à plusieurs acteurs, de préférence pas d'accord entre eux, et vous permettrait de trancher. Il va de soi, que pour donner la parole à plusieurs philosophes, il faut connaître leur pensée.

Disserter c'est théoriser. Théoriser, c'est fabriquer un discours avec des concepts (= des mots clairement définis dans les dictionnaires et qui le plus souvent renvoient à des réalités abstraites comme "liberté", "justice" "âme" etc.) et les relier logiquement afin de produire du sens.

Une dissertation est philosophique si elle reflète :

- D'abord une attitude d'interrogation en face du monde, une aptitude à soulever des hypothèses, des problèmes, à s'étonner, à souligner la complexité des  phénomènes, ce qui implique un recul, la capacité de voir les choses "de loin".

- Ensuite la connaissance des réponses (= les systèmes philosophiques) que les philosophes ont proposées à travers le temps. Il faut naviguer avec aisance dans les idées. 

Une bonne dissertation philosophique doit  refléter cette triple exigence : savoir théoriser, avoir le sens des problèmes, et connaître quelques théories philosophiques.

Une dissertation doit respecter les quatre principes de la LOGIQUE :

  1. Le principe d’identité. "A est identique à A." Ce qui signifie que lorsque vous avez donné une définition à un terme, vous devez garder ce sens tout le long du paragraphe en question. Si vous prenez la notion en un autre sens, alors vous le précisez et vous changez de paragraphe.

  2. Le principe de non-contradiction : "A n’est pas non-A." Dans un même paragraphe  vous ne pouvez pas affirmer une théorie et en même temps son contraire.

  3. Le principe du tiers exclu. "A ou non-A." Entre deux solutions contradictoires, il faut en choisir une.

  4. Le principe de causalité. "A implique B." Tout effet a une cause, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Enchaînez vos idées par "donc, en effet, par conséquent…c’est pourquoi…."

Vous pouvez vous en inspirer pour assurer la transition entre vos paragraphes. (Voir plus loin.)

Voici ce que donne le non respect de ces règles :

De nombreuses dissertations d'élèves sont de vrais "patchworks" et ressemblent à ce discours! 
 

Sganarelle : "Il faut que je décharge mon cœur, et qu’en valet fidèle je vous dise ce que je dois. Sachez, Monsieur, que tant va la cruche à l’eau, qu’enfin elle se brise ; et comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l’homme est en ce monde ainsi que l’oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l’arbre ; qui s’attache à l’arbre suit de bons préceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles ; les belles paroles se trouvent à la cour ; à la cour sont les courtisans ; les courtisans suivent la mode ; la mode vient de la fantaisie ; la fantaisie est une faculté de l’âme ; l’âme est ce qui nous donne la vie ; la vie finit par la mort ; la mort nous fait penser au Ciel ; le ciel est au-dessus de la terre ; la terre n’est point la mer ; la mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux ; les vaisseaux ont besoin d’un bon pilote ; un bon pilote a de la prudence ; la prudence n’est point dans les jeunes gens ; les jeunes gens doivent obéissance aux vieux ; les vieux aiment les richesses ; les richesses font les riches ; les riches ne sont pas pauvres ; les pauvres ont de la nécessité ; la nécessité n’a point de loi ; qui n’a pas de loi vit en bête brute ; et par conséquent vous serez damné à tous les diables.
Don Juan  - O le beau raisonnement !"    
                                                                                     Dom Juan, Acte V scène 2.

1. Le choix du sujet (5 à 10 minutes)

Placez une montre devant vous et contrôlez votre temps.

Quatre types de sujets vous sont proposés; trois types de dissertations et une explication de texte.

A. Dissertation type 1. sujet à thèse,  exemple : "L'homme est-il naturellement bon ?", "Sommes-nous prisonniers du temps ?"…Ce type de sujet est le plus fréquent.

Dissertation type 2. comparaison de concepts, exemple : "Science et philosophie.", "Isolement et solitude."

Dissertation type 3. analyse de concept, exemple : "Le risque.", "L'ennui", "Le destin".  

B. L'explication de texte expliquée dans le cours de Méthodologie. Pour faire une explication de texte, il faut maîtriser la technique de la dissertation.

Choisir, sans précipitation, le sujet sur lequel vous avez des informations solides, et pour lequel vous n'avez pas une réponse toute faite. Prenez votre temps. Ne changez pas de sujet deux heures plus tard !

2. La quête des idées : la "chasse de Pan" (15 à 20 minutes )

Plusieurs techniques :

"La CHASSE DE PAN"

Pan est un dieu grec qui collectionnait les papillons. Il attrapait d'abord tout ce qui volait et il faisait le tri après coup.

Vos idées ne vont pas venir toutes seules (sauf exception!). Il ne suffit pas d'attendre que cela vienne ! Il faut les "faire pousser", aller les chercher. Pour cela il existe plusieurs techniques ou méthode. Elles exigent chacune beaucoup de concentration. C'est la raison pour laquelle il serait très utile, au moins au début de votre réflexion, de vous isoler du bruit –impossible à éviter- et de l'agitation des élèves ou candidats qui vous entourent. Essayez de mettre des boules "Quiès" ou "Ear", que vous enlèverez dés que vous aurez votre plan en tête.

N'oubliez surtout pas de vous mettre à la place des différents philosophes que vous connaissez au moment où vous cherchez vos idées.

Technique 1      La tête chercheuse

On "enfonce" le sujet dans sa tête. On se le répète 10 fois, 20 fois, à l'endroit, à l'envers, comme une incantation. On se laisse hypnotiser par les mots. On est en même temps très concentré et très réceptif à toutes les idées qui viennent. Le cerveau fonctionne comme un ordinateur très sophistiqué. Il sait des choses que vous ne savez pas que vous savez! En tout cas pas consciemment. Notez tout ce qui vient à l'esprit. Vous trierez après.
S'il ne vous venait aucune idée avec cette méthode, alors essayez la suivante:

Technique 2   Le bombardement du sujet

On assaille les mots du sujet et le sujet lui-même de multiples questions : Qui aurait pu penser cela ? A quelle époque ? Pourquoi ? (quelles raisons, quelle finalité ?) Quel est l'enjeu de la question ? Peut-on penser autrement ? Voire, le contraire ? Peut-on entendre la questions de différentes manières ? Lesquelles ? Placez des "yeux" = des points de vue tout autour du sujet. Comment serait-il compris par un sage de l'Antiquité, par Platon, par un philosophe contemporain, par un scientifique….

La technique 3.   Les colonnes

On écrit la question au milieu de la page, sur une seule ligne, et on isole chaque mot, (y compris les articles, les pronoms, les adverbes…) dans une colonne et l'on décline chaque mot, ses différents niveaux, ses différents sens, ses symétriques, ses contraires…Faites comme si chaque mot était un tiroir plein de sens possibles.

Causes ?
Mobiles ?

Animaux ?

Trouver ?
Fuir ?
Refuser ?

à cacher ?
à revivre ?
à aimer ?

passé de l'univers ?

Futur ?
Avenir ?

Pourquoi

les hommes

cherchent-ils

à connaître

leur

passé ?

Buts ?
Intentions ?
Conséquences
Libération
Enchaînement ?

Tous ?
1 groupe ?
1 seul ?

Comment ?
Anthropologie ?
Histoire ?
Psychanalyse ?

Que valent
ces connaissances
sont-elles utiles ?
dangeureuses

passé de l'espèce ?
d'un peuple ?
enfance ?

lien avec le présent ?
régression ?
regret ?
passéisme ?

Technique 4    "Le presse-citron"

Valable pour toutes les disciplines, elle consiste à interroger méthodiquement le sujet.

Attention : une définition est un ensemble de termes précis qui permettent de distinguer une notion de tout ce qui n'est pas elle.

1. Dans une définition, on ne répète jamais le terme à définir !

2. En principe, on ne se sert pas de négations pour la définir. Il faut décrire ce qu'elle est. Si vous essayez de définir la notion en cherchant ce qu'elle n'est pas, vous risquez d'énumérer tous les termes du dictionnaire, sans l'avoir cernée. Par exemple, un rideau n'est pas un stylo, ni un arbre etc…, l'énumération peut être infinie, elle ne dit en rien ce qu'est un rideau !

Essayez d'utiliser des termes positifs dans vos définitions.

Technique 4. Le "presse-citron",  page suivante :

 

 

Technique 5    La combinatoire

Se constituer une sorte de clavier fait de notions codées et de symboles logiques. Par exemple si vous aviez à traiter le sujet suivant : L'humanité peut-elle se perdre ?

"Humanité" H. peut s'entendre en 3 sens, et admettre 3 contraires. "Perdre" P. peut s'entendre aussi au moins en 4 sens, et admettre 4 contraires.

H.1 = L'espèce humaine, la civilisation.

Contraire : (<= H.1)  sortir de l'humain :
surhumain = divin
infra-humain = la bête

H.2 = les caractères qui font que nous sommes humains: les 8 critères de l'hominisation.
(voir cours ANTHROPOLOGIE.)

Contraire : (<=H.2)
non hominisé = "sauvage" cf. Victor de l'Aveyron.
 

H.3 = les caractères qui font de l'homme un être moral, qui sait reconnaître l'humanité des autres et les respecte. Le critère de l'humanisation

contraire (<= H.3)

Inhumain au sens barbare, cruel.

P.1 = disparition, anéantissement, destruction.

P<=1   Retrouver, créer,

P.2 = disparition des points de repère, du sens,  être égaré, désorienté. Errer, s'égarer.
Errance, erreur.

<= P.2  Réorienter, retrouver une direction, un sens.

P.3 = Perdition au sens moral, corruption, chute. Cf. "une fille perdue".

<= P.3   Se sauver (salut), se racheter, se régénérer…

P.4 = être vaincu dans un jeu ou dans des élections….

<=P.4 = triompher, gagner.

"Peut" = pouvoir : avoir la capacité, la possibilité, le droit ?

Il suffit dès lors de relier chaque terme à un autre terme, et de voir quelle signification en surgit. Par exemple :

H1. / P1. = l'espèce humaine a le pouvoir de s'anéantir. Oui, technologie nucléaire, pouvoir "thanatocratique" (qui a le pouvoir de donner la mort) de la science.

H2. / P1. =  les caractéristiques humaines (bipèdie, parole, rites etc..) peuvent disparaître dans le cas d'enfants abandonnés, ayant vécu en dehors de la civilisation et donc devenus "sauvages".

H3. / P1 = des êtres "humains" se sont conduits d'une manière "inhumaine", en barbares en infligeant à d'autres hommes des tortures, et des souffrances intolérables.

H1. / P2.  = l'être humain se sent perdu dans un univers infini, dont il ne peut concevoir les limites. Cf. Pascal "Le silence éternel des espaces infinis m'effraie." Voir les données de la cosmologie contemporaine, H.REEVES.

H1. / P3.  = conception biblique de l'homme: l'être humain s'est corrompu en s'appropriant le fruit de la connaissance du bien et du mal.

H1. / P4.  = ? 

H2.et H3. / <= P1. = l'humanité ne peut pas se perdre : théorie essentialiste voir Platon, elle existe avant notre naissance, c'est à nous de la retrouver à l'intérieur de nous. Cf. Maïeutique de Socrate.

H1. <= P2. = thèse de Sartre, c'est à l'humanité de fabriquer elle-même son propre sens.

<= H3. =>   P1.H1.  = Les  barbares ont pratiqué des génocides et détruit des millions d'hommes.

H3.  =>   <= H2.  La barbarie déshumanise ses victimes. En traitant des humains comme des bêtes, on leur ôte leur dignité, on leur vole leur humanité.

On ne peut certes pas jouer à l'infini sur ce clavier, mais il donne des directions de recherche, des hypothèses. Souvent, ce sont les classes de scientifiques qui exploitent à merveille cette technique, les littéraires sont très cordialement invités à essayer au moins une fois!…

Choisissez votre méthode. Il est clair que vous pouvez combiner toutes ces techniques pour trouver le maximum d'idées.
Vous vous trouvez maintenant en face d'un chaos d'idées qui partent dans tous les sens. De nombreuses hypothèses ont surgi. C'est le moment le plus angoissant et le plus difficile. Il faut leur trouver un fil conducteur, un ORDRE. C'est l'objet de la fabrication du plan.

3. La fabrication du plan (1 heure ½)

1. L'architecture de la réflexion

Faire un PLAN, consiste à "architecturer" sa réflexion. Il faut penser le sujet, "d'en haut", et combiner logiquement et intelligemment vos connaissances et répondre à la question précise qui vous est posée. Faites-le au brouillon d'abord, n'écrivez au début que d'un côté des feuilles.

1. Essayez de voir quelles lignes de force  se dégagent de votre chaos, essayez de sélectionner les trois, quatre, ou cinq les plus importantes. Entourez-les de couleurs différentes. Evitez de "tomber" dans le schéma : thèse/antithèse/synthèse = noir/blanc/gris ! Le réel et la pensée sont infiniment plus variés, songez plutôt à l'image de l'arc en ciel.

Attention pour les sujets "comparaison de concepts" : Il faut analyser les différents types de relations entre les concepts, donc éviter de les séparer. On ne vous demande pas une dissertation sur chacun d'eux !

Les sujets "Analyse de concepts" vous laissent une liberté plus grande pour la problématique, mais ils sont aussi un peu plus difficiles à traiter.

2. Recopiez en la résumant clairement chaque réponse ou thèse sur des feuilles séparées. Ecrivez une réponse en haut de chaque feuille et encadrez-la.

 3. Organisez vos réponses. Choisissez la réponse qui vous paraît la meilleure, la plus plausible, et mettez lui, provisoirement au crayon noir, le N° 4, c'est par elle que vous allez terminer votre devoir. Choisissez la réponse qui vous paraît la plus contestable ou dépassée ou en tout cas la moins défendable, mettez-lui le N° 1, c'est par elle que vous allez commencer. Il ne vous reste que deux possibilités pour trouver la place des deux autres !

Mais attention, en bas de chaque page cherchez par quel moyen, à l'aide de quelle idée vous allez pouvoir passer logiquement à l'idée du paragraphe suivant. C'est votre transition. Elle est indispensable. Il arrive qu'en travaillant les transitions on soit obligé de modifier l'ordre de ses paragraphes. Trouvez une bonne stratégie. Re-numérotez vos § à l'encre.
 
4. Réfléchissez tout de suite aux exemples, théories, argumentations que vous allez développer dans chaque §. Un paragraphe se construit en sept temps. (Voir plus loin.)

Ecrivez en style télégraphique, en utilisant des abréviations.

2.  Dégagement de la problématique

Construisez tout de suite votre problématique qui est le nœud de l'introduction. Il suffit de reprendre chaque réponse, dans l'ordre que vous venez de trouver et de la présenter sous une forme interrogative. Un problème est une question "orientée" qui suggère la réponse que vous allez donner. Rédigez-la clairement, au milieu d'une page, à part, vous compléterez plus tard votre introduction.

3. Fabrication des paragraphes en 7 points 

Voici quelle est la structure de chaque paragraphe. (Valable pour dissertations, mémoires  et thèses de doctorat.)

1) Résumé de la thèse Tout paragraphe doit commencer par l'énoncé de la thèse que vous allez examiner (l'une des réponses possibles au problème posé) : c'est un jugement, votre phrase doit contenir un sujet, verbe ou auxiliaire, complément, ou attribut = adjectif). Il faut que chaque terme ait un rapport direct avec le sujet. Ce rapport peut être une relation de contradiction.
(Attention n'examinez qu'une thèse à la fois par paragraphe.)

2)  Explication du sens que vous donnez aux mots que vous employez (vous savez que chaque mot a toujours plusieurs sens), donc soyez précis, choisissez UN sens et gardez toujours le même sens pour le même mot à l'intérieur d'un même paragraphe. Vous aurez le loisir de changer le sens du terme dans un autre paragraphe !

Attention les mots ont des significations multiples mais précises, vous ne pouvez pas leur faire dire n'importe quoi ou ce que vous désirez. Une définition se travaille comme le boulanger travaille sa pâte. Informez toujours le lecteur du sens que vous décidez de choisir. Vous pouvez partir du sens commun, puis tenir compte des étymologies (quand vous les connaissez…d'où l'utilité d'étudier quelques racines grecques ou latines.)

 3)  Illustration. Il n'est pas question de "parler" dans le vide. Il faut concrétiser, donner corps à votre pensée. Trouvez des exemples dans la réalité ou dans les livres. Vous pouvez ici montrer la richesse de votre culture personnelle.

4)  ARGUMENTATION.  Trouvez des preuves, des raisons pour justifier cette thèse. Valeur des principes sur lesquels elle est fondée ou de ses conséquences. Les enjeux qu'elle propose. Les avantages de ces conséquences, sur différents plans, bref mettez en relief l'intérêt de cette thèse, situez-la par rapport aux grands thèmes philosophiques, faites-vous son défenseur sincère.
 
5)   THEORISATION. Cherchez un "Avocat" ou un "défenseur" de ce point de vue qui soit "connu" de préférence parmi les philosophes ! Exposez avec habileté sa théorie sans jamais perdre de vue le sujet! Ne récitez pas mais montrez de quelle façon sa théorie répond (en partie) au problème posé.  Vous avez déjà eu un bref aperçu des idées de quelques philosophes (Socrate, Platon, Descartes, Kant, Nietzsche, Sartre...) ou de la pensée judéo-chrétienne.  Utilisez certains d'entre eux.  Attention ne mélangez pas les différentes théories, développez bien une argumentation, ne sautez pas du coq à l'âne.  (Les moments 4 et 5 sont les plus importants du  paragraphe.)

6)  Virage. Commencez à amorcer une critique, cherchez un point faible dans ce qui précède : soit l'étroitesse de la définition, soit les limites du domaine concerné, soit l'un des  arguments ou les limites de la théorie. Trouvez encore une conséquence négative, qui vous permette de commencer à jeter le soupçon sur la thèse qui vient d'être analysée. Cette stratégie doit vous permettre de poser le problème qui annonce votre réponse (ou thèse) suivante.

7)  Conclusion-Transition.   Concluez votre paragraphe. Résumez brièvement l'essentiel de ce qui a été dit : "Nous avons vu que..., demandons-nous si…", et posez le problème auquel répondra le titre du paragraphe qui suit immédiatement.  Votre conclusion assure la transition entre les deux paragraphes, elle doit exprimer un lien logique entre les deux paragraphes. On ne saute pas du coq à l'âne.

Vous avez ici le modèle de tout paragraphe, vous pouvez néanmoins changer, en partie, l'ordre proposé (sauf N°1 et N°7), pourvu qu'il soit logique.

Dans votre devoir séparez bien les § les uns des autres, laissez un espace d'une ou deux lignes.

4.  L'INTRODUCTION

Rédigez-la, en entier, dés que vous avez fini votre plan, au brouillon.   (environ I page)

Elle comprend 3 temps :

a) DE QUOI  l'on va parler = premier temps. (Très court, 2 ou 3 lignes) : au choix ;

-  une remarque introductive qui annonce le thème de la dissertation,

-  une constatation générale, "Pour le sens commun...",

-  une bonne citation,

-  une définition provisoire, "si l'on entend X de telle manière, alors….".

 Plantez votre flèche dans le MILLE. Visez exactement le sujet.

(Attention ! On ne commence pas par "Depuis toujours", ni par "Tous les philosophes se sont demandé si"...ou "se sont penchés sur…", ni en répétant le problème posé dans le libellé du sujet). On ne répète pas le cours de méthode en annonçant ce qu'il faut faire : définition, problématique etc… c'est inutile, on le "fait". (Voir la rédaction écrite)
    
b)  POURQUOI ?

Deuxième temps. C'est l'essentiel de l'introduction. (entre 10 et 20 lignes). Bien montrer qu'on a compris le sujet et son intérêt. Inutile de dire qu'il est "intéressant de…". Prouvez-le!

C'est la fonction de la PROBLEMATIQUE.

Une problématique est un enchaînement de "questions qui suggèrent une réponse" ou encore d'hypothèses / réponses. Vous pouvez les formuler soit directement, à la forme interrogative, soit indirectement, en utilisant le conditionnel par exemple. Voir les problématiques des cours.

ATTENTION !

1) Formulez les problèmes auxquels vous savez que vous allez répondre.  (Pas trop, pas trop peu : 3, 4 ou 5 suffisent largement.)

2) l'ordre de vos problèmes doit refléter l'ordre de votre dissertation.

Si vous avez suivi les conseils précédents, votre problématique est déjà rédigée au milieu d'une page, il ne reste plus qu'à la compléter.

c) COMMENT ?
Troisième temps  (2 ou 3 lignes).
=  indiquez, en gros, votre plan. Si votre problématique est bien construite, il suffit de dire: "c'est dans cet ordre que vous allons traiter le problème posé."
 
5.  La  conclusion. 

Rédigez-la soigneusement au brouillon, à la fin de l'épreuve, vous serez pressés, tendus, et vous risquez de la bâcler.  (Environ ½ page.)

Brève, en 3 temps :

1) De quoi on a parlé = survol très rapide du devoir = synthèse. "Après avoir vu que…."

2) La réponse que l'on choisit, son intérêt.

3) Les limites de cette réponse. Montrez en quoi elle n'est pas absolue. N'oubliez pas que l'un des aspects de la sagesse consiste à être conscient des limites de son savoir, c'est-à-dire de tout ce que l'on ne sait pas !    

4. La rédaction écrite du devoir (2 heures)

Rédigez directement en partant des notes de votre brouillon. Seules l'introduction et la conclusion sont déjà rédigées au brouillon.

A. Présentation du devoir.

Ce qu'il  faut faire.

Ce qu'il ne faut pas faire.

Copies grand format.

Pas de feuilles séparées, reliées en tire-bouchonnant les coins ou par un trombone, ni de papier brouillon.

Première page libre.
N'y indiquer que : nom, prénom, classe, date, titre de l'exercice.
Et surtout écrivez le sujet choisi !
(On ne numérote pas la 1ère page.)

Si vous ne laissez aucune place, vous n'aurez aucun commentaire sur votre travail.

Ne répétez pas le sujet dans l'introduction.

Commencez page 2.

Laissez une marge à droite

Si vous oubliez la marge, il est difficile de vous donnez des conseils ou de vous expliquez vos erreurs.

Numérotez vos pages en haut et à droite, à partir de la page 2.

Si vous avez 6 pages, vous pouvez écrire :
2/6…3/6…4/6…5/6…6/6.

Indiquez l'existence d'une copie suivante de cette manière :    …/…

N'oubliez pas de paginer (= numérotation des copies). C'est indispensable en cas de double correction.

N'indiquez pas la copie suivante de ces manières :" TSVP ou  è " Vous n'êtes pas dans un jeu de piste !!!

Ecriture lisible. Lettres correctement formées. Points sur les i, accents é, è, ou ê.

(L'oubli des accents et des points compte comme fautes d'orthographe.)

N'écrivez pas trop grand, ni trop petit, ni d'une manière négligée. Une écriture difficile à déchiffrer implique nécessairement une difficulté de compréhension du correcteur, donc une baisse (quelquefois involontaire) de la note.

De préférence au stylo-plume, à la rigueur au feutre.

Evitez le crayon noir et le stylo-bille "cracheur".

Encre noire, bleu-noir, bleue, pour les examens et les lettres officielles.

Pas d'encres vives : orange, rouge, violette, bleue des mers su sud, turquoise, verte…
ou trop pâles : jaune, gris-clair…

Ecrivez à peu près 6 pages (l'équivalent d'un discours oral d'un quart d'heure ou de 20 minutes.)

On ne vous demande pas une thèse, ni de. savoir tout sur le sujet.

Pas de sujet bâclé.

 

Pas de bla-bla, ni de roman fleuve.

Disposition aérée et claire.

Séparez les différents moments de votre réflexion.

Détachez l'introduction du devoir en laissant 2 lignes.

Détachez les § les uns des autres en laissant une ou deux lignes.

Séparez la conclusion.

N'allez pas constamment à la ligne.

 

Ne rédigez pas votre texte d'un seul bloc !

Evitez les renvois.

Ecrivez  les mots en entier.

Pas d'abréviations.

Soulignez seulement :

 1) Les titres des livres.

 2)Les mots étrangers (et traduisez-les).

Ne soulignez rien d'autre ! Ni les noms d'auteurs, ni les citations, ni ce que vous jugez important….

Mettez les citations entre guillemets "…..". Indiquez une rupture de citation de cette manière […]

Donnez toujours les références (auteur surtout, et œuvre) de vos citations.

Ne citez pas le cours, ni votre professeur, ni vos camarades….

Citez des auteurs connus. Ne dites pas "un auteur que je ne connais pas"…Cela ôte toute valeur à votre citation.

Effacez proprement. (Il existe des bandes autocollantes qui permettent de réécrire par-dessus)

Pas de ratures disgracieuses ou de taches sur la copie.

B.  Le style

Doit être :

Ne doit pas être :

Impersonnel :
Vous devez employer les expressions :
"on", "nous", "il"…..

Attention : avec "on ou il….=> son"
                  avec "nous…=> notre"

Pas "Je".
Valable pour le journal intime, la poésie, ou la rédaction des collégiens.

Pas "Vous". On ne s'adresse pas au correcteur.

Ce n'est pas une lettre, ni un tract, ni un article de journal…

Encore moins "Tu". Familiarité à la limite de la grossièreté.

Sobre.

Pas de poésie, ni de lyrisme, ni d'exclamations, d'admiration ou d'indignation.

Simple. Des phrases courtes et bien construites.

Pas de jargon ou de pédantisme, ni de mots en "isme" sans les avoir clairement définis.

Correct

Pas de vulgarité ou d'impolitesse. "Salaud, mecs.."

Pas de familiarité : "Boulot, dodo, métro" "Le papa, la maman, le bébé…" Dites plutôt, le père , la mère, le nourrisson…

Pas d'ironie ou d'humour rose ou noir.

Majuscule au début des noms propres.

L'emploi de "Monsieur" est réservé aux auteurs qui vivent encore et qui ne sont pas très célèbres.

Emploi de "Monsieur" compliqué ! Son absence peut être incorrecte, et son utilisation peut être méprisante. On ne dit pas Monsieur Sartre, ni Monsieur Lévi-Strauss. Mais pour un présentateur d'émission télévisée, il est plus poli de l'appeler "Monsieur".

C.  . Utilisation d'un français correct

Expressions correctes :

Expressions incorrectes :

Se fonder sur..

Et non se "baser" sur …valable pour une armée.

Se rappeler quelque chose.
Se souvenir de quelque chose. 

On ne confond pas.

Donner ou produire une preuve.

On n'amène pas une preuve. On ne peut amener que des êtres qui marchent…

S'avérer = se montrer vrai.

"S'avérer vrai" est un pléonasme.
A la rigueur on peut dire se révéler vrai.
"S'avérer faux" est une absurdité.

En revanche…

Et non "par contre".

Bien que…

Et non "malgré que".

Certes…

Et non "bien sûr".

Cela…

Et non "ça", sauf s'il s'agit du ".ça" de Freud.

Cela dit (concerne ce qui vient d'être dit). Idem pour "voilà"

"Ceci" concerne ce qui va être dit. Idem pour "voici".

Donc l'expression "ceci dit" est une faute de français.

Pallier quelque chose.

Et non "pallier à"

D'une part ….d'autre part…

On n'emploie jamais "d'autre part" tout seul.

Une alternative = deux possibilités.

Deux alternatives = quatre possibilités !!!

Pareil à… semblable à…

Et non "pareil que".

Réaliser = rendre réel.

To realise = se rendre compte c'est de l'anglais.

Infirmer = nier

Infirmer ne signifie pas "rendre infirme"!!!

Solution de continuité = rupture de continuité.

 

Aboutir à, conduire à…

Evitez "déboucher" bon pour les éviers et les baignoires…

Ou car, ou en effet.

Pas les deux en même temps.

Après qu'il a dit… (indicatif)

Avant qu'il ait dit…(subjonctif)

Et non l'inverse…

Coupez les mots entre les syllabes.

Et non comm-
e cela.

Utiliser le PRESENT

Et non le futur "Il va…il va…il va…", comme on le trouve souvent dans les copies.

Mœurs et opinions sont des féminins. Espèce aussi. Donc on dit : une espèce de..

Et non "un espèce de" même si le mot suivant est au masculin.

D. L'orthographe

Très abîmée dans de nombreuses copies de Bac. Une orthographe insuffisamment maîtrisée dans une copie d'examen peut vous faire perdre DEUX POINTS. (En philosophie, 2 x 7 = 14 points  en moins pour les séries L.!!!)

Fautes inexcusables : confondre  a : auxiliaire avoir,  et  à : préposition.
                                                            
                                                       er : infinitif   et  é, ée, és,ées. participes passés.

Rappel des lois des accords :

Si le complément direct est placé avant le participe passé, il y a accord.

Exemple : les fruits que nous avons mangés.  Nous nous sommes promenés. Nous nous sommes rendus en Norvège. (Nous avons mangé quoi ?, nous avons promené qui ? Nous avons rendu qui ?)

Si le complément direct est placé après le participe passé ou si le complément placé avant n'est pas direct, alors il n'y a pas accord.

Exemple : Nous nous sommes demandé. Nous nous sommes rendu compte…

(Nous avons demandé à qui ? Nous avons rendu compte à qui ? = compléments indirects)

Orthographe des mots les plus maltraités dans les copies.

En désordre…
Apparaître, disparaître, maître, connaître, obnubiler, financier, pécuniaire, ambigu (masc.), ambiguë (fém.), rationnel, rationalité, schéma, connexion, philosophie, psychanalyse, psychanalyste, psychologie, synonyme, étymologie, généralement, réellement, tranquillité, existentialisme, essentialisme, Sartre, Nietzsche, Socrate, or (= conjonction qui lie deux propositions), hors (= adverbe, l'extérieur), multidimensionnel, un concept, prendre les rênes du pouvoir, et non les "rennes" de Laponie…, événement mais avènement, langage, agressivité, spatial, spatio-temporel, vraisemblable, a priori, sine qua non (latin), exigence mais exigeant, il tend à (aller vers), il tente de (essayer), raisonner (pour la pensée), résonner (pour les cloches), être sensé (avoir du bon sens), être censé (supposé, considéré, présumé), créer des différends (des conflits), avoir affaire à, il ressort de, tâche (devoir), tache (d'encre),fatigué, fatigant, autochtone……

"Stabilobossez" les mots dont vous connaissez mal l'orthographe, et étudiez-les.

E.  modèles d'expression

Voici quelques exemples d'expressions servant à introduire, illustrer, argumenter, conclure…

1 THESE :

Il faut examiner si…, on peut affirmer que…, voyons si…, l'on peut se demander si…, il semble que…, il apparaît que…, supposons que…, admettons que…, il est possible que…, partons de l'hypothèse selon laquelle…

2 DEFINITIONS :

(Evitez les termes vagues comme "certains", précisez toujours. N'employez pas dans la définition le terme que vous avez à définir. Evitez de définir en disant ce que n'est pas  une chose !)

Apparemment, ou pour le sens commun, les deux notions ont le même sens, (donner ce sens), en réalité, ces notions ou concepts s'opposent…, X signifie…, tandis que Y signifie…, si l'on entend par x (un terme quelconque) telle signification, alors…, cette affirmation peut être comprise, ou s'entendre en plusieurs sens,  au sens propre… au sens figuré…, pour Platon…, précisons la signification…, dans son acception (et non "acceptation" !) la plus large, x signifie…, si l'on définit x de telle manière, alors l'ambiguïté se résout…, ainsi s'établit la distinction entre X et Y…, ou ainsi s'établit l'identité entre X et Y…

ILLUSTRATION :

Prenons l'exemple donné par tel philosophe dans telle œuvre… dans de nombreux cas (où, quand  ?) …il s'agit de…, nous constatons en réalité…, on peut se référer à…, considérons le cas…, un autre exemple est significatif…, la figure mythique de X vient illustrer notre propos…, par exemple…, il existe…

DEMONSTRATION :

(Evitez absolument le langage enfantin "et puis…et puis…et puis…, ou encore aussi…aussi…également…" qui juxtapose les idées au lieu de relier.)

La démonstration cherche à prouver une thèse en utilisant le raisonnement logique.

D'après cette constatation, on peut déduire que…, à la lumière de cet exemple, de ce raisonnement (s'il est celui d'un philosophe), il est clair que…, c'est pour cette raison que…, donc…, par conséquent…, en effet…, en conséquence…, cela implique nécessairement…,  par suite…, de sorte que…, c'est pourquoi…, parce que…, en effet…, d'une part…d'autre part (ne jamais utiliser "d'autre part" tout seul)…, il résulte que…, en premier lieu, en deuxième lieu…, par ailleurs…, de plus…, en outre…, nous comprenons davantage pourquoi…, nous pouvons tenter de dégager les implications de cette affirmation…, on peut aller plus loin et dire que…, pour éviter cette conséquence extrême, il faut supposer…, il faut admettre…, si…alors…, mais n'est-ce pas admettre ou reconnaître implicitement…,  ce raisonnement (ou cette théorie) se fonde (et non se base – valable pour l'armée)  en réalité sur telle hypothèse ou sur tel axiome…(= proposition de base non démontrée)…, à l'inverse de …, contrairement à …

PHILOSOPHE-AVOCAT : (toujours donner la parole à un philosophe cela donne plus de poids à votre raisonnement.)

Nous rejoignons ici le point de vue, la théorie, le jugement, la pensée, de tel philosophe qui dans tel texte affirme que…, Dans tel texte, en effet, tel philosophe dit que, propose telle explication…, on peut affirmer avec untel que…, telle est la réponse de…

6 RESERVE-CRITIQUE(Prépare le virage, le passage à une autre idée dans le § suivant.)

Cela dit (et non ceci dit, ceci annonce ce qui n'a pas encore été dit, cela concerne ce qui vient d'être dit)…, néanmoins…, certes…, pourtant…, cependant…, à la limite…, au terme de cette démonstration une autre perspective s'ouvre (si l'on change de domaine)…, on peut s'interroger sur (des conséquences négatives non examinées jusqu'ici)…, il ne faut pas croire que…, on peut se demander si…, s'il en est ainsi, pourquoi alors…,  on doit aller plus loin et s'interroger sur (les causes les raisons, les mobiles, les conséquences…)…, certes…, malgré telle opinion…, à l'opposé…, en revanche, (ne pas dire par contre)…, telle affirmation dans tel domaine ne semble pas exacte, ou a eu telles conséquences négatives…, nous devons écarter telle hypothèse pour telle raison…, cependant une difficulté demeure…, nous nous heurtons à une contradiction…, nous aboutissons (et non débouchons !) à une impasse ou à une aporie (= contradiction insoluble)…, il faut refuser ce risque…

7 CONCLUSION-TRANSITION :

Pour conclure…, nous avons vu  que…, nous pouvons tenter de dégager telle solution…, cette analyse permet d'affirmer que ou de douter de ou de s'interroger sur telle autre hypothèse…, en d'autres termes, faut-il conclure que … ou se demander si…,

Indiquez une direction de réflexion nouvelle, puis passez deux lignes et commencez le § suivant de la même manière que celui-ci

F. Relecture de la copie                      (De 5 à 10 minutes.)

5. Les qualités d'une bonne dissertation

Qualités

Défauts

OUVERTURE

Réflexion qui voit loin et large, avec nuances. Affranchie des préjugés, capable de débusquer les paradoxes.
Se révèle dans la problématique. 

FERMETURE

Prise de position immédiate et catégorique, qui répond tout de suite. Réflexion qui rétrécit le débat, le schématise, voire le caricature.

CLARTE

Les notions sont bien définies.  Les concepts sont bien choisis, précis, simples. Les phrases sont courtes.

CONFUSION

Réflexion obscure, qui ne définit rien ou mal ou prend toutes les notions dans un sens trop général ou populaire.

DOCUMENTATION

Réflexion riche, cultivée, informée qui prend ses références dans des domaines différents, (j, art, science, histoire, littérature, mythes), qui offre des exemples originaux et bien analysés, qui sait bien "donner la parole" aux philosophes.

IGNORANCE

Réflexion qui utilise des opinions toutes faites, des clichés usés, des préjugés, des banalités, des jugements gratuits…

DYNAMISME

Réflexion qui avance, qui progresse, qui devient de plus en plus intéressante, qui propose des obstacles se "bat" contre eux , dénoue les problèmes, les dépasse pour arriver à une réponse valable et intelligente au problème posé au départ.

STATISME

Réflexion qui répète la même chose avec des mots différents, qui tourne en rond, revient en arrière, renvoie dos à dos deux thèses opposées, sans argumentation.

CONVICTION

Convaincre quelqu'un = l'amener à comprendre une question avec son intelligence, grâce à un raisonnement logique, il faut donc proposer des arguments rationnels, des preuves, des raisons…

PERSUASION

Persuader quelqu'un = le forcer à sentir comme soi, par des procédés affectifs, psychologiques, en utilisant des images, des sentiments, des ordres ou des condamnations,  des actes de foi, des formules d'admiration ou de mépris… 

COHERENCE

Réflexion organisée, logique, qui suit un plan, un vrai fil conducteur, qui nous donne des repères, par rapport à sa propre démarche. Traite une question par paragraphe.

INCOHERENCE

Réflexion illogique ou incohérente, qui saute du coq à l'âne, part dans tous les sens, ne tient pas compte du sens des mots, se contredit, sort complètement du sujet. 

TOLERANCE

Réflexion qui tout en prenant position, laisse son lecteur libre de ne pas penser comme lui!

Qui respecte les opinions qui ne sont pas les siennes, leur trouve même de l'intérêt.

Il est capable de limiter la portée de sa réponse. Il ne la propose pas comme une vérité absolue dont il serait le détenteur.

Le premier degré de la sagesse, c'est la prise de conscience des limites de son savoir! Voir Socrate.

DOGMATISME

Réflexion passionnée qui propose une seule réponse  comme absolue et définitive, sans aucun esprit critique.

Réflexion "moralisante" = qui donne des leçons à l'humanité : "il faut…, il faut…

La passion obscurcit l'intelligence.

Le fanatisme est le contraire de la sagesse visée par le philosophe.

 

6. Conclusion :  La liberté de pensée

Etre libre de penser, ce n'est pas penser n'importe quoi, ni penser n'importe comment. C'est d'abord essayer de s'affranchir des préjugés, des opinions toutes faites, et se mouvoir avec agilité nuances et assurance au milieu des idées, celles des autres et les siennes. Les organiser en fonction de ce que nous VOULONS affirmer.

En définitive, une dissertation est une occasion d'exprimer : son bon sens, sa maîtrise de la langue, sa culture, son expérience de la vie (sa maturité), son intelligence, sa personnalité, et enfin sa philosophie (= son interprétation du monde ou sa perplexité en face de son destin).

Cela demande des efforts, parfois du courage, mais c'est un premier pas vers la liberté.

7. Un modèle de dissertation : "Sommes-nous prisonniers du temps ?"

(Devoir d'élève, noté 19 / 20.)
                                    
Sommes-nous  prisonniers du temps ?

Si chaque individu, du fait même qu'il est mortel et en est conscient, fait l'expérience de sa temporalité, l'être humain a cependant bien du mal à concevoir ce qu'est le temps et en est réduit le plus souvent à une approche intuitive de cette notion. Cependant cette approche n'est-elle pas suffisante pour que chacun prenne conscience de son impuissance et de sa servitude face au temps ? L'homme n'est-il pas prisonnier du présent, condamné à vivre entre ce qui n'est plus et ce qui n'est pas encore et ce présent a-t-il réellement une signification puisqu'il ne constitue qu'un intermédiaire évanescent entre passé et futur ? D'autre part, l'homme enchaîné par le remords et l'angoisse, n'est-il pas dépendant du passé qui détermine son psychisme, et du futur cause de toutes ses actions ? Enfin l'homme n'est-il pas impuissant devant l'écoulement régulier du temps, prisonnier de la durée puisque mortel ? Doit-on retenir les hypothèses selon lesquelles l'âme échapperait à cette condition misérable ou bien doit-on considérer qu'elles ne font que refléter la peur éprouvée par l'être devant sa propre mort ? Pourtant, même s'il ne peut échapper au temps, l'individu n'est-il pas capable d'exprimer sa soif d'éternité, voire même de manifester l'existence d'une dimension humaine inaltérable donc atemporelle ?

Dire que le temps est le milieu indéfini dans lequel se déroulent les événements successifs met bien en évidence que la distinction entre avant et après, c'est à dire la succession irréversible de ces trois moments : passé – présent – avenir, est ce qu'il y a de fondamental dans l'expérience temporelle. Cependant de ces trois moments un seul semble-t-il est réellement donné, un seul paraît être réellement vécu sans discussion possible : c'est le présent. En effet puisque par définition le passé n'est plus et que le futur n'est pas encore, l'individu paraît condamné à vivre entre ces deux néants.

Pourtant, et c'est là un paradoxe qui, tout en mettant en évidence le caractère irrationnel du temps, souligne également la misère, voire le non-sens de la destinée humaine, on peut tout aussi bien soutenir que le présent n'existe pas. En effet, bien que l'intuition accorde une certaine durée, même si elle est courte, à cette dimension du temps, une simple réflexion nous fait comprendre que cette durée elle-même se décompose en deux moments qui ont précisément pour caractère de ne pas être présents. L'un constitue ce qui vient tout juste de se passer, l'autre ce qui va tout de suite survenir. Ce moment présent où nous  voulions tout à l'heure reconnaître la seule réalité du temps se révèle à l'analyse l'instant mathématique, notion insaisissable, sans épaisseur existentielle.

Ainsi, l'homme condamné à vivre au présent, semble devoir exister au sein d'une sorte de "non-être" puisque, au moment où nous  cherchons à le saisir, un tel présent est devenu passé : "Et l'instant où je parle est déjà loin de moi" disait Boileau.

Ayant considéré, comme nous l'avons fait dans un premier temps, que l'homme est condamné à vivre au présent, nous pouvons également affirmer qu'il est dans bien des cas prisonnier à la fois du passé et du futur.

Il est tout d'abord prisonnier du passé, qu'il soit collectif ou individuel, d'un point de vue historique, on sait en effet que chaque peuple possède une tradition, des habitudes, des mœurs qui lui sont propres, qui par conséquent conditionnent pour une grande part son évolution au cours du temps. Cette réalité collective se traduit par l'imprégnation d'une certaine culture, d'un certain mode de pensée. Chaque individu, héritant nécessairement de ce passé en sera profondément influencé et l'exprimera plus ou moins à travers des pensées, des jugements et même des actes. Sur un plan légèrement différent, la psychanalyse nous apprend que le psychisme de l'adulte est très profondément conditionné par des souvenirs – le plus souvent douloureux – qui ont été enfouis dans son inconscient et qui expliquent dans une certaine mesure ses réactions et les sentiments qu'il peut éprouver aujourd'hui face à telle ou telle personne ou à tel ou tel événement.

Si chacun de nous  est donc, sans s'en rendre compte, largement influencé dans son comportement par des événements passés, certains vont presque jusqu'à refuser de vivre au présent pour s'enfermer dans leurs souvenirs, soit que ces derniers leur semblent refléter un passé plus heureux que ne l'est leur existence actuelle, soit qu'au contraire ces souvenirs soient à l'origine de remords dont ils ne peuvent se débarrasser.

De même que l'homme est hanté par son passé, donc dans une certaine mesure prisonnier de celui-ci, il est également tendu vers le futur, parfois jusqu'à ne plus voir que lui, préoccupé par ses projets et craignant de ne pas les voir aboutir, souvent habité par l'angoisse de ne pas connaître ce qui se passe le lendemain. Aussi, comme l'explique Pascal, "nous ne vivons jamais mais nous espérons vivre et, nous  disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous  ne le soyons jamais."

Si comme nous venons de le voir l'homme ne semble pas pouvoir s'échapper du temps, qu'il soit passé, présent ou avenir, il est également incapable d'influencer sur son cours, de le retarder ou de l'accélérer. Et le rêve du poète "O temps suspens ton vol !" est balayé par cette cruelle remarque d'Alain : "Pendant combien de temps va-t-il suspendre son vol ?" Le cours du temps est donc irrévocable, irréversible, et chacun de nous doit en faire l'expérience. Prisonnier du temps, l'homme est également prisonnier de la durée : cette réalité lui est d'autant plus difficile à accepter qu'il se sait mortel et que cette condition de mortel limite son propre épanouissement dans tous les domaines.

A cette analyse fondée sur des réalités tangibles et incontestables, à ce constat de totale servitude de l'homme vis à vis du temps, certains objectent qu'il faut dépasser ce stade trop superficiel pour concevoir qu'il existe une vie après la mort.

C'est tout d'abord le cas des religions. Si l'on se réfère par exemple aux textes judéo-chrétiens qui affirment l'existence d'un autre monde, le Paradis, que l'âme humaine, si elle n'a pas commis de graves méfaits, ira rejoindre après la mort pour mener une deuxième vie éternellement heureuse. Pourtant, deux objections peuvent être opposées à cette thèse. La première consiste à rappeler que les religions ont été créées par la société afin de répondre aux problèmes métaphysiques qui angoissent les êtres humains, pour calmer leurs craintes et leur permettre ainsi d'intégrer totalement le groupe. De telles réponses ne satisfont jamais totalement les philosophes qui cherchent à poursuivre au-delà leurs réflexions. La deuxième objection que nous avancerons porte beaucoup plus sur le fond du problème. En effet, si l'âme humaine (étant admis qu'elle existe) était immortelle, il n'en demeure pas moins qu'elle resterait enfermée dans le temps, car du temps infini est encore du temps : l'homme ne pourrait donc y échapper.

Si la réponse apportée par la religion n'apparaît donc pas satisfaisante, il en existe une autre, proposée cette fois par un philosophe. En effet PLATON nous explique que l'âme humaine est, non pas immortelle mais atemporelle c'est à dire qu'elle rejoint après la mort un univers situé hors du temps (et de l'espace) avant de s'incarner dans un nouvel être. Ce processus nous est décrit dans le mythe d'ER. Attardons-nous  un instant sur ce texte.

Les âmes, nous  dit PLATON, une fois qu'elles ont quitté notre monde temporel, passent tout d'abord devant une sorte de tribunal qui statue sur leur sort. Selon qu'elles se sont plus ou moins bien comportées pendant leur vie, elles devront ou bien subir des années d'emprisonnement et de tortures ou bien avoir droit au repos et au bonheur en vivant aux Champs Elysées, sorte de paradis terrestre. Après toutes ces années, passées dans la douleur ou dans la joie, les âmes tout en conversant, prennent ensemble un chemin qui les mènera en un endroit où la Vérité leur sera dévoilée. Puis, dans une troisième étape, ces âmes choisiront une nouvelle destinée, et, avant de s'incarner dans un nouveau corps, boiront au fleuve de l'oubli.

Ce processus décrit par PLATON nous inspire une simple remarque : il existe plusieurs étapes successives que les âmes doivent emprunter. Cette simple notion de succession met en évidence le fait que PLATON bien que voulant nous  décrire un monde atemporel, nous  montre un univers plongé dans le temps ! (Note du professeur :  Il ne faut pas confondre "l'objet" décrit par PLATON (univers atemporel dans lequel les essences coexistent = existent simultanément) avec la structure du discours, qui se déployant nécessairement dans la durée, les décrit sur le mode de la succession).

Cette contradiction qui nous permet donc, non pas de nier l'hypothèse énoncée, mais de douter de sa valeur, nous  est expliquée par KANT. Ce dernier, en effet, remet en question la réalité objective du temps ; selon lui, le temps ne serait qu'une "forme a priori de notre sensibilité", le moyen que nous  avons de percevoir nous et nos intérieurs. C'est pourquoi l'homme ne pourrait imaginer un monde atemporel. Cette explication ne nie pas la réalité du temps mais lui donne, non plus un caractère absolu, mais un caractère empirique.

Enchaîné par le temps, asservi par la durée, enfin, condamné à disparaître, l'être humain doit-il pour autant accepter sa misérable condition ? A cette question nous serons tenté de répondre que non. Car si l'homme semble ne pas pouvoir échapper à la temporalité, il peut cependant combattre les effets du temps, remportant une victoire certes relative, mais une victoire tout de même.

Ce combat s'exprime tout d'abord à travers la technique, qui permet à l'homme – par exemple – tout à la fois de se déplacer plus vite donc de gagner du temps, grâce à l'évolution des moyens de transport, mais aussi et plus encore d'allonger la durée de sa propre vie, donc de faire reculer la mort grâce aux progrès de la médecine. A cette lutte participe également le rêve en tant qu'expression d'un inconscient atemporel qui nie la succession, la chronologie et organise les représentations selon un ordre tout à fait différent de celui imposé par le temps. L'homme peut également dépasser le présent dans lequel il semble condamné à vivre pour se projeter dans le futur grâce à l'imagination et la rêverie ou se plonger dans le passé grâce à la mémoire individuelle et collective. L'écriture, la photographie et plus récemment les différents supports audiovisuels véhiculent des instants passés ou plutôt dépassés mais qu'on ne demande qu'à revivre à travers notre esprit. Enfin l'être humain peut remonter plus encore le temps grâce à la science, aux lois d'astrophysique et de chimie, pour tenter de comprendre comment s'est formé puis transformé l'univers.

Pourtant, ce combat que nous venons de décrire contre les effets du temps traduit une réalité beaucoup plus profonde qu'il n'y paraît tout d'abord : ce refus de la temporalité constitue en fait l'aspect négatif d'une soif, d'un désir qui existe chez chaque individu : celui d'accéder à l'éternité.

Il nous faut tout d'abord insister sur le fait que l'éternité n'est pas un synonyme de l'immortalité car, comme nous l'avons déjà dit, l'immortalité n'est somme toute que du temps sans fin, et du temps sans fin reste du temps. L'éternité est donc sans commune mesure avec une durée même indéfinie, elle est vérité immuable, éternel présent et se trouve en opposition absolue avec la temporalité.

Tout d'abord, l'éternité appartient au monde des idées, des formes et des essences immuables, tandis que le temps règne sur les réalités sensibles. En second lieu, alors que le temps est indissociable de la séparation des êtres (il faut du temps pour se rejoindre), l'éternité assure la simultanéité de leur présence. Enfin et surtout, l'éternité perpétue ce qui est en elle, alors que le temps oblige les êtres à s'user, à se dégrader et à mourir.

Pourtant, après l'analyse que nous venons de faire, l'homme semble capable, non seulement de lutter contre les effets du temps, mais encore, à défaut d'être éternel, d'accéder à un monde atemporel (ou du moins – et n'est-ce pas déjà beaucoup ? - d'en avoir le sentiment) ; cette capacité s'exprime à travers l'abstraction mathématique et l'expression artistique.

En effet, le raisonnement mathématique constitue un univers totalement atemporel en ce sens qu'il est le monde de l'exactitude et de la perfection, qu'il se fonde sur des axiomes logiques arbitraires et qu'il produit des concepts immuables, nommés points, droites, cercles ou plans, "êtres" que le temps ne peut altérer.

Il en est de même pour la dimension artistique puisqu'une œuvre belle est toujours belle par définition, et que l'art est une métamorphose du réel, du monde sensible, un passage dans un univers immatériel dans lequel "la lumière de Rembrandt" devient "atemporelle" comme l'explique Malraux. En affirmant que l'art est un "anti-destin", Malraux traduit le fait que la création artistique est un cri désespéré de l'homme en direction de l'éternel, une volonté de briser sa véritable condition de mortel. Devant une œuvre d'art, je ressens une intensité d'être qui est due à la superposition de "ma" sensibilité et de celle du créateur, de ma conscience et de celle de l'artiste, j'éprouve un sentiment d'unicité, d'immatérialité, donc d'absolu…

Ainsi l'être humain semble capable de combattre les effets du temps mais aussi dans une certaine mesure, de parvenir – même si ce n'est qu'une illusion – à un monde atemporel en entrant dans l'univers mathématique ou artistique. Pourtant, nous pouvons aller encore plus loin et estimer qu'il existe réellement une dimension humaine qui peut se détacher de la temporalité. S'il est vrai, en effet, que nous  sommes emportés sans retour vers notre mort, il faut prendre garde ici que cette connaissance implique de notre part, non pas une conscience dans le temps, mais une conscience du temps. Nous  savons que le temps nous emporte ; c'est donc que quelque chose en nous  - précisément notre conscience du temps – lui échappe. Proust le met bien en évidence puisqu'il explique que le temps retrouvé n'est pas du temps passé mais dépassé car la coïncidence des instants enfouis de ce passé et des instants présents permet de ressaisir l'identité du moi au-delà du temps. "Rien qu'un moment passé ? Beaucoup plus peut-être, quelque chose qui, commun à la fois au passé et au présent, est beaucoup plus essentiel qu'eux deux." Ainsi, la conscience qui me reconnaît dépendant du temps est précisément ce par quoi je lui échappe : il n'y a de conscience du temps que pour un être qui participe à l'éternel.

De plus, du fait qu'une partie de lui-même échappe à la temporalité, l'homme est un être libre. En effet, si le temps est le lieu des événements successifs et de leurs enchaînements nécessaires de cause à effet, la liberté étant selon KANT, "la faculté de commencer soi-même un état dont la causalité n'est pas subordonnée à son tour […] à une cause qui la détermine dans le temps", la liberté donc se trouverait hors du temps. Ainsi, pour exprimer cette dimension qui échappe à la durée et qui est en lui, l'homme devrait se prouver à lui-même qu'il est un être libre, même si cette liberté – et c'est un paradoxe – s'exprime malgré tout dans un cadre temporel.

L'homme se définira donc avant tout par sa capacité à maîtriser l'avenir, car s'il y a de l'avenir, c'est que les jeux ne sont pas déjà faits, que l'invention de quelque chose de nouveau est encore envisageable. L'avenir, tout en étant la dimension essentielle de la condition temporelle de l'homme, celle qui par excellence le fait exister, c'est à dire le fait de se tenir (sistere) hors de (ex) l'instant présent, l'avenir donc, lui permettra également d'user de sa liberté.

Que pourrait-on retenir au terme de ces différentes réflexions ? Tout d'abord qu'à la lueur d'une première analyse, l'homme apparaît non seulement condamné à vivre au présent, mais aussi bien souvent hanté par le passé et angoissé par l'avenir, donc totalement emprisonné dans un cadre temporel. De plus, chacun de nous sait bien par expérience qu'il lui est impossible de maîtriser l'écoulement du temps : l'être constate sa servitude face à la durée, servitude d'autant plus amère à accepter qu'il sait ses jours comptés, conscient qu'il est d'être mortel. Pourtant à défaut de quitter totalement le monde temporel, l'individu peut tenter d'exprimer sa soif d'éternité à travers l'abstraction mathématique ou l'expression artistique. Enfin, l'homme, qui semblait de prime abord totalement impuissant face à sa destinée, peut cependant dans un certaine mesure échapper au temps précisément à cause du fait qu'il est capable de penser le temps. Cette prise de conscience exprime, sinon un dépassement, du moins un détachement de la temporalité qui révèle à l'homme sa capacité de maîtriser son devenir. A lui donc de savoir user de cette capacité et d'orienter sa destinée pour lui donner un sens…     

Notes du professeur : Cet élève utilise des éléments appartenant à  plusieurs cours dont il fait la synthèse.

 1 Il ne faut pas confondre "l'objet" décrit par PLATON (univers atemporel dans lequel les essences coexistent = existent simultanément) avec la structure du discours, qui se déployant nécessairement dans la durée, les décrit sur le mode de la succession.

2. Dire plutôt : "les phénomènes et notre monde intérieur".

3. "que nous ne demandons……..à travers nos….

4. Dire plutôt "dans un univers à la fois réel et irréel". Le tableau lui-même est matériel.

5. "Qui participe de l'éternité".

D.Desbornes. 2009