Découverte de la philosophie
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La technique

Introduction

1. Analyse de la technique

2. Le travail et la technique

3. L'asservissement de l'être humain par la technique

4. Prudence et responsabilité

5. La nécessité d'une réflexion morale sur ces pouvoirs : La bioéthique

Conclusion

Introduction

Le mot "technique" vient d'un mot grec tekhnê qui signifie "art" dans le sens "artifice", "artificiel", c'est-à-dire fabriqué par l'homme. (Voir le cours sur le TRAVAIL)

La technique est l'ensemble des moyens par lesquels l'homme aborde et transforme le monde réel. Elle comprend les instruments qui permettent une lecture du réel, et les outils et machines qui permettent une action et une transformation du réel .

Nous avions vu dans le cours sur la CULTURE que le premier primate qui pouvait être appelé "HOMME" était celui qui savait se servir des ses mains. Bergson le nommait Homo faber, l'homme fabricateur, les anthropologues contemporains le nomme homo habilis, ce qui revient au même puisque cela signifie homme "habile" = capable de se servir de ses mains. Ce que l'homme fabrique d'abord avec ses mains, ce sont des outils au second degré c'est-à-dire des couteaux, des marteaux etc. construits avec des outils au premier degré, de simples pierres par exemple.  

La technique commence donc avec l'homme. Elle l'aide à affronter le réel, à chasser par exemple, à se protéger de ses dangers et de son inconfort.

Le Travail est l'activité essentielle dans laquelle l'homme s'affronte au réel, pour y puiser ses moyens d'existence, et pour le transformer. Le travail est créateur de toutes les richesses économiques. Mais le travailleur est obligé d'inventer tous les moyens techniques qui facilitent son geste. Il est un "bricoleur". La charrue, la roue, le moulin etc. ont probablement été inventés par des hommes de terrain.

Nous allons voir avec Hegel dans la dialectique du maître et de l'esclave que le travail (dans certaines circonstances) rend le travailleur intelligent. 

La Science dés sa naissance, prend le relais du travail, pour assurer la continuation et surtout le progrès de la technique. Aujourd'hui l'électronique, la biologie ont permis des progrès fantastiques dans les communications d'une part et dans la maîtrise des phénomènes de la vie. (Voir plus loin).

Le progrès technique

Il existe une relation dialectique (= des interactions) entre le travail la science et la technique et l'homme. Cela signifie que le travail influence le progrès technique. Le progrès technique à son tour modifie le travail. Le travail modifié change les conditions de vie de l'homme (en mieux ou en pire !). C'est le même schéma pour la science. Elle invente des théories qui permettent de créer des technologies nouvelles. Ces techniques permettent, en même temps, à la science de progresser, mais aussi changent la nature du travail des hommes et leurs conditions de vie.   

Le mythe de Prométhée

Les anciens Grecs ont imaginé ce que les hommes pouvaient devenir à cause ou grâce à la science et à la technique, c'est ce qu'on appelle l'aventure prométhéenne. Ce mythe nous met en garde contre de graves dangers liés à l'utilisation de la science et de la technique. Mais il se termine d'une manière très optimiste.

Généalogie

Japet est un titan, fils d'Ouranos et de Gaia, (= du ciel-esprit et de la terre-matière). Chronos est son frère.
Prométhée (Le mythe de Prométhée, d'après Hésiode, le dictionnaire de Mythologie de Grimal et l'Encyclopédie Universelle édition 1998. ) est le fils de Japet, un titan, et d'Asia (fille d'Océan), donc le petit-fils d'Ouranos et de Gaia. Zeus est le fils de Chronos, donc son cousin.

Prométhée est le "prévoyant" (il possédait des dons de devin) : il connaît tout d’avance, il a tout prévu, contrairement à son frère, Épiméthée, "le maladroit", qui ne comprend qu’après. Dans un des mythes de la souveraineté, la puissance de Zeus est tenue en échec par le savoir de Prométhée qui en sait plus que tout dieu ou tout homme mortel. Par sa nature titanique, Prométhée est aussi associé très étroitement aux origines de l’homme et de l’humanité.

Prométhée passe pour avoir créé les premiers hommes, en les façonnant avec de la terre glaise. En Grèce, la condition humaine se définit à travers deux conflits qui opposent Prométhée à Zeus: la ruse du bœuf et le rapt du feu.

La ruse du bœuf

Prométhée imagine un partage frauduleux de la viande d'un bœuf. Zeus est furieux et il  interdit aux hommes de faire usage du feu pour cuire les viandes et se nourrir.

Le rapt du feu

C’est alors que Prométhée s’en va voler le feu de Zeus "il déroba des semences de feu à la roue du soleil" et les apporta à l'humanité cachées dans une tige de férule. Une autre tradition veut qu'il ait dérobé ce feu à la forge d'Héphaïstos" (= aux enfers), pour en faire cadeau à l’humanité.

Double punition de Zeus pour les hommes, et pour Prométhée.

1.  En échange de quoi Zeus, à son tour, envoie aux hommes un piège redoutable, auquel nul ne réussit à échapper. C’est la femme, la première, car dans l’âge d’or tout se passe entre hommes. Pandora (= Pandore) est un "beau mal", dit Hésiode. Les hommes la reçoivent avec joie, mais pour leur malheur. Car cette femme, désirable et séduisante, est curieuse. Elle n’a rien de plus pressé, une fois arrivée à destination, que de soulever le couvercle de la jarre où étaient enfermés les maux et les maladies. Depuis lors, les hommes sont condamnés à la vieillesse et à la mort et à tous les maux de la vie.

2.  Prométhée est, quant à lui, enchaîné par des liens d'acier, sur le Caucase. Un aigle lui dévore le foie qui renaît sans cesse. C'est un supplice.

 Héraclès, ( = Hercule, celui des 12 travaux), lorsqu'il passa dans la région du Caucase, perça d'une flèche l'aigle de Prométhée et délivra celui-ci. Zeus ne protesta pas (Héraclès était son fils), mais, il enjoignit à Prométhée de porter une bague faite avec l'acier de ses chaînes et un morceau du rocher sur lequel il était attaché.

C'est à ce moment que le centaure Chiron, (d'où vient le mot "chirurgien", mais ici, guérisseur inguérissable), blessé par une flèche d'Héraclès, et souffrant sans répit, désira mourir. Comme il était immortel, il dut trouver un mortel qui accepterait son immortalité. Prométhée accepta de lui rendre ce service et devint immortel à sa place, donc un dieu.

"Pour l’époque classique, Prométhée n’est pas un médiateur malheureux: il est celui qui par l’apport du feu et l’invention des différentes techniques a détourné les hommes de la bestialité et les a arrachés à la vie sauvage. Ce héros culturel, que la cité a mis au centre de sa vision progressiste, est la cible des sectateurs du cynisme, des contestataires qui le tiennent pour responsable de l’abandon de l’état de sauvagerie. Les cyniques sont antiprométhéens, ils protestent contre l’invention du feu, Ils prônent le manger cru et la vie simple des premiers hommes qui buvaient l’eau des sources et se nourrissaient de glands ramassés et de plantes cueillies.

Refuser Prométhée, c’est entreprendre de déconstruire une société et une civilisation dont le Porte-Feu a été le symbole et le héros". (Cf. P.Diel Le symbolisme de la mythologie grecque)

Interprétation

Le feu est le symbole de ce qui éclaire le monde : la science qui le rend intelligible et de ce qui permet de le transformer (la cuisson des aliments par exemple) : la technique.

Ce mythe nous montre que la science et la technique peuvent être bénéfiques (feu du ciel) ou maléfiques (feu de l'enfer).

1. Dans un premier temps l'aventure prométhéenne est tragique et douloureuse. L'homme attaché à la matière (enchaîné au rocher) et dévoré par sa volonté de puissance (aigle qui dévore le foie), perd sa liberté. Il est pris à son propre piège.

2. Hercule est celui qui à travers ses 12 travaux a accompli un cycle complet de maturité (les 12 travaux symbolisent le passage à travers les 12 signes du zodiaque), il a développé toutes ses facultés. Il représente une humanité qui ayant atteint le stade adulte renonce à sa volonté de puissance (Hercule tue l'aigle, symbole de toute puissance) et à son matérialisme (Prométhée est détaché du rocher).

3. Prométhée rencontre Chiron qui lui offre son immortalité. L'histoire se termine merveilleusement bien et nous laisse tous les espoirs concernant le progrès technique. La science et la technique feront un jour de nous des dieux !  

PROBLEMATIQUE

Peut-être ne sommes-nous arrivés qu'au premier stade de cette aventure ?

Cependant le progrès technique ne nous permet-il pas de nous libérer des contraintes de la nature ? Ne permet-il pas surtout un progrès social ?   "Quand les navettes marcheront toutes seules, nous n'aurons plus besoin d'esclaves", disait Aristote (Attention n'entendez  pas que les esclaves pourraient devenir des hommes libres, dans l'esprit d'Aristote on pourrait les supprimer au sens propre !). La robotique en remplaçant l'homme dans la plupart de ses tâches va-t-elle faire de nous des sortes de dieux ou au contraire supprimer tout travail et faire de nous des exclus ? L'homme-sans-travail entre-t-il dans la société des hommes libres, pouvant d'adonner sans limites aux loisirs et à la culture, ou dans la société de "homme-déchet" sans aucun moyen de gagner sa vie? La biologie nous rend-elle maîtres de la vie ou sommes-nous des apprentis sorciers complètement inconscients ?

En définitive, le progrès technique ne risque-t-il pas de "dénaturer" non seulement l'homme, mais aussi la nature? Avons-nous, (mais qui ?), un pouvoir sur le progrès technique ?

1. Analyse de la technique

a ) Les outils sont des objets qui prolongent artificiellement un ou plusieurs organes, et servent à agir sur le réel ou à le transformer. Ils reçoivent de l'homme énergie et orientation, par exemple le marteau, la pince, la scie, la hache, le tournevis (voir le contenu de la boite à outils du bricoleur ). Les outils décuplent sa force, la précision de son geste, protègent ses organes (ses mains surtout ), et économisent un peu sa fatigue.

 b ) les machines simples sont des assemblages d'outils reliés à une force motrice cette force peut être naturelle (vent, eau, animaux ...), par exemple  les éoliennes, les moulins, les charrues ou bien cette force peut être industrielle ( vapeur, électricité,  énergie nucléaire ..) locomotive, moteurs divers d'automobiles, de lave-linge... Les machines économisent la force musculaire et la peine de l'homme non seulement dans le travail, mais aussi dans les déplacements. Dans ce cas l'homme commande la machine. Il la dirige,  et la surveille.

 c ) les machines automatiques. Elles sont équipées de commandes de réglage, grâce à des systèmes de rétroaction (feed-back )  qui déclenchent des alarmes en cas d'anomalie, (sonnerie ou voyant rouge..), ou arrêt, et des  programmes, sorte de mémoires, qui enchaînent les opérations successives. L'homme économise son énergie mentale. Il n'intervient qu'en cas de panne.
 
  d ) les machines électroniques. Elles sont équipées de mémoires très performantes et de logiciels capables d'effectuer des opérations logiques "intelligentes", elles constituent le domaine de l'informatique avec les prodigieuses capacités de traitement de toutes sortes d'informations, chiffres, textes,  sons, images, vidéo,  et même hologrammes (= images en trois dimensions). Fantastique aide pour la connaissance, et la communication. Elles libèrent l'homme des contraintes de la mémorisation et des calculs fastidieux, pour lui permettre de passer à un mode de pensée plus synthétique et créatif.
  
  e ) les robots. Ce sont  des outils et des machines automatiques reliées à des machines électroniques. On s'est amusé à donner à certains des formes androïdes =(humaines), la liste des tâches qu'ils peuvent accomplir est immense : ils peuvent remplacer un grand nombre d'ouvriers dans les chaînes de montage de toutes catégories d'usines, effectuer des gestes précis de manipulations dans les laboratoires ou dans les centrales nucléaires, et même servir de "baby-sitter" aux U.S.A. ! Lorsque les robots remplacent les hommes, il y a beaucoup  moins d'erreurs, aucune fatigue, un rendement au moins décuplé (ils fonctionnent nuit et jour, 7 jours sur 7, n'ont pas besoin de vacances, ni de congés de maladie, ne demandent aucun salaire, mais seulement une énergie artificielle  (électricité le plus souvent ), ne protestent pas et enfin ne se mettent jamais en grève ! .)  D'où l'intérêt,  pour les industriels, de ROBOTISER  leurs entreprises.

Finalement l'homme a pu déléguer à la machine presque tous ses attributs et ses fonctions : ses organes, son énergie musculaire et mentale, sa mémoire et sa logique. D'où la naissance du mythe du robot  qui deviendrait d'abord l'égal de l'homme, puis bientôt son ennemi, et la crainte d'une "révolte des robots".

Attention à ce "mythe du robot"

C'est une erreur, car le robot n'est qu'une imitation mécanique de l'homme. Mais contrairement à l'homme, il n'est pas vivant, il n'a pas de sentiment  (s'il dit je t'aime, il n'y a pas de cœur vibrant par derrière), il n'a pas de subjectivité (s'il dit "je pense" ou "je souffre", c'est une bande magnétique qui parle, c'est une pensée sans penseur),  le robot n'a pas de conscience, ni de liberté. (Ses réactions sont déterminées par des circuits d'informations-réponses mémorisés à l'avance dans un logiciel) Il peut remplacer l'homme  pour toutes les activités qui relèvent de l'automatisme, physique ou mental, de la répétition de schèmes de comportement ou de principes logiques, il ne peut pas le remplacer pour toutes les activités qui relèvent de l'affectivité, de la créativité, de la conscience morale de la responsabilité, de l'esprit, bref il n'est pas doué de ce qui fait la spécificité de l'homme.

En conclusion il semble que nous n'ayons nullement à craindre la rivalité des robots, mais qu'au contraire nous devrions nous réjouir de leur invention, puisqu'ils vont "nous" affranchir de toutes les servitudes. "Nous" allons enfin pouvoir entrer en toute sérénité dans le monde des loisirs.  Le souhait d'Aristote est réalisé: les navettes marchent toutes seules!  Le moment où "nous" n'aurons plus besoin de travailler est très proche. Mais n'est-ce pas là une vision  bien utopiste du progrès ? .

Qui serait ce "nous" bénéficiaire ?  Il faut être lucide et prendre conscience des énormes difficultés et problèmes engendrés par les mutations technologiques, d'abord pour l'utilisateur de la technologie, souvent piégé par elle, mais surtout pour le travailleur lui-même, qui risque non seulement d'être aliéné par son travail, mais encore d'en être dépossédé et de tomber dans la misère la plus totale. (cf. le tragique problème du chômage.)

2. Le travail et la technique

1. Théorie de Hegel

Hegel dans Dialectique du maître et de l'esclave  (in Phénoménologie de l'Esprit.)  explique que  l'esclave (Il faut entendre par "esclave" non un individu particulier, mais l'ensemble de toutes les classes sociales qui ont travaillé, les esclaves, les serfs.), par son travail, transforme la nature en fonction des ordres du maître: (construire un palais, confectionner des vêtements, élever des animaux, les soigner, les transformer en plats de festins ...). Pour accomplir toutes ces tâches difficiles, il est obligé de discipliner ses besoins, d'être adroit, inventif, rusé, intelligent, fort. En maîtrisant la nature, dans un premier temps il lui devient supérieur (à la nature), et peu à peu grâce à ce progrès, il prend conscience de sa liberté (théorique), comme d'une virtualité à conquérir. Il prend conscience que, puisqu'il sait subvenir à tous les besoins du maître, il peut subvenir à ses propres besoins et donc s'affranchir de son maître, alors que son maître ne peut pas se passer de lui. Cette idée de liberté est un moteur de dépassement et de volonté de libération effective. Elle est un réel moteur de l'histoire.

Conclusion de cette analyse. La liberté du maître est illusoire, sa pensée est immobile, conservatrice. Le risque de la vie dépasse le donné sans le transformer. Le travail de l'esclave conduit vers une libération réelle, parce qu'il transforme le donné naturel et sa propre nature, dans un processus qui est évolutif, cumulatif (il accumule des biens de consommation et des inventions techniques). Il est donc créateur de l'histoire. Seul l'esclave engendrera une société où chaque individu pourra être reconnu dans son humanité par les autres .(Cf. interprétation du texte de Hegel, par Kojève).

2. Théorie de Marx

"Le travail est la transformation par l'homme, à l'aide de la technique, d'un objet naturel brut, en produit consommable, vital ou,  intellectuel". Marx.

Cette définition implique plusieurs remarques importantes.

1 - la transformation par l'homme exclut toutes les transformations et métamorphoses opérées par la nature elle-même (par exemple la transformation de la graine en plante, du pollen en miel, voire de l'embryon en fœtus puis en enfant etc.)

2 - la technique comprend d'une part l'ensemble des instruments et des outils inventés par l'humanité, plus le mode d'emploi c'est à dire l'intelligence et la science. La force de travail humaine comprend l'ensemble des capacités physiques et intellectuelles de l'homme. Il est fondamental que l'intelligence remplace l'automatisme et l'instinct.

3 - l'objet naturel ou brut  c'est, par exemple, la terre, qu'il faut défricher, labourer,  ensemencer, la transformation s'exerce à plusieurs niveaux, le blé ensuite doit être transformé en pain ou en gâteau, mais ce peut être aussi un endroit qu'il faut rendre accueillant.

4 - le produit consommable est celui qui répond  d'abord aux besoins réels de la société, puis par la suite à ses désirs. Cela implique une utilité sociale. Ces besoins sont de deux natures :

a -  vitaux = ceux qui concernent la nourriture, l'habitation, le vêtement, les  protections contre les agressions de la nature etc.

b - intellectuels = ceux qui apportent plus d'informations utiles sur la société, le passé, l'économie, le monde c'est à dire la connaissance, la science et la technique..

Fonction de cette définition

Dans la société marxiste, cette définition permet d'éliminer du statut de "travailleur" tous ceux qui ne produisent rien, (les parasites, les fainéants, les drogués,) ou qui ne produisent pas de produits "utiles", par exemple les patrons, qui selon Marx, se contentent de profiter du travail des ouvriers, ou encore, les prêtres dont le produit est "toxique", puisque la religion qu'ils transmettent est "l'opium du peuple" une sorte de drogue qui les endort et les empêche de se révolter contre les injustices dont ils sont victimes, ou encore les intellectuels "idéologues" c'est à dire les hommes, les philosophes par exemple, qui spéculent sur des idées abstraites, ou inutiles ou dangereuses parce que contraires aux intérêts du peuple (= au marxisme de Marx).

Mais alors le footballeur, l'artiste, l'interprète (pianiste, violoniste), le médecin, l'étudiant, le professeur, le balayeur, la prostituée, la mère-porteuse, sont-ils des travailleurs selon cette définition du travail ?

3. L'asservissement de l'être humain par la technique

A. Asservissement du travailleur

Marx a analysé, historiquement, dans Le Capital, comment, dans le passé, le travail s'est organisé, puis s'est dénaturé, et enfin s'est complètement perverti avec l'arrivée de la technologie: le machinisme. (L'arrivée récente  des robots  dans les entreprises rend le problème encore plus tragique pour les ouvriers). Le travail implique, dans son organisation, une répartition des tâches, cette division du travail se fait en plusieurs étapes.

  1. La 1ère division est sexuelle

Nous avons vu dans le cours d'anthropologie, comment au moment de la découverte du feu, pour la survie de l'espèce, les premiers hommes ont dû se répartir fonctionnellement  les tâches: les hommes à la chasse et les femmes au "foyer", c'est à dire dans le cercle de feu  au service des enfants et des "faibles" ( blessés ou vieillards ).cf. théorie de Engels.

 2. La 2ème division est la spécialisation.( l'artisanat)

L'artisan conçoit le produit, achète la matière première, et, réalise  (= rend concret) son produit en le fabriquant du début jusqu'à la fin. Soit, il le garde, soit il l'échange contre de l'argent. Il a mis dans son produit l'énergie de son corps, son intelligence, son "art" (= son habileté: Au Moyen-âge il fallait 10 ans d'apprentissage chez un maître et  réaliser son "chef d'œuvre" pour être consacré "artisan". Bref l'artisan a investi une grande partie de lui-même dans son produit, mais ce produit lui appartient. Au Moyen Âge les corporations d'artisans étaient protégées par des règlements très stricts.

 3. La 3ème division, l'émiettement du travail liée à l'apparition du machinisme

Au XIX° siècle, apparaissent  la rationalisation du travail  et le machinisme. Déjà au XVIII° siècle, Smith explique que si l'on divise en 18 opérations différentes la fabrication d'une épingle et que l'on affecte un homme à chaque opération, on économise un temps considérable et on augmente d'autant la production. Au XIX°, les machines automatiques apparaissent,  les hommes deviennent des rouages, des intermédiaires assurant les relais entre les machines. Ils sont considérés eux-mêmes à l'égal des machines. Le travail à la chaîne se généralise. (cf. Les Temps modernes avec CH. Chaplin ou encore Métropolis, de F.Lang.)

Le TAYLORISME et le FORDISME sont des systèmes "scientifiques" d'organisation du travail dans le monde de la technologie. Le geste du travailleur est décomposé étudié dans ses moindres détails, de telle sorte qu'il agisse le plus automatiquement possible à la cadence de la machine, sans avoir à réfléchir. Le travailleur n'exerce plus la souplesse de ses organes, ni sa réflexion, ni son intelligence, ni sa créativité, mais seulement sa force mécanique. Il s'épuise, se déforme, il est dégradé, déshumanisé, rétréci. Les rapports entre les hommes deviennent des rapports entre des choses étiquetées (les ouvriers sont désignés par des numéros, interchangeables), du coup, ils deviennent "idiots, agressifs, brutaux, désespérés" Marx.

 Le travail devient une prison mentale, il "surexcite le système nerveux, empêche le jeu varié des muscles, comprime toute l'activité libre du corps et de l'esprit; La facilité même du travail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt" . Marx, Capital I.

 En même temps, d'une part, les emplois ont diminué puisque la machine a remplacé un grand nombre d'ouvriers, mais d'autre part, comme  le travail est devenu très facile au sens où il ne demande aucune spécialisation, il est dégradé, "bête", donc n'a plus de valeur (ni en soi, ni économique). N'importe qui, sans compétence,  peut le faire. On embauche de préférence des femmes et des enfants auxquels on donne un salaire dérisoire. Le chômage augmente à toute allure, la misère parallèlement. Les ouvriers ont été dépossédés et sont aliénés (= sont devenus étrangers à eux-mêmes). Il est nécessaire selon Marx de procéder à une analyse économique scientifique du travail qui fait apparaître la nature de l'injustice dont les travailleurs ont été les victimes .

B. asservissement de l'utilisateur ( le consommateur)
    
La technique décuple les pouvoirs du corps et du mental, d'où l'augmentation gigantesque des pouvoirs de celui qui sait s'en servir. Elle accélère les rythmes qu'elle transforme en "cadences" (le rythme est naturel tandis que la cadence est artificielle). Elle permet à l'homme d'aller plus vite en tout, et de multiplier à l'infini ses activités. D'où l'apparition du stress. Elle finit par casser les rythmes biologiques, couper le rapport à la nature, la polluer, et, tout en la rendant plus facile, elle déréalise la relation à autrui  (téléphone, Minitel, Internet). Par le confort qu'elle apporte et la réduction de tous les efforts, elle atrophie le corps. Finalement le mode de vie de l'homme moderne est devenu complètement artificiel. N'oublions surtout pas les aspects "thanatologiques" (= producteurs de mort ) de la technique.

 Mais attention! Ce n'est pas la technique qui aliène l'homme, mais l'homme qui en fait un usage aliénant pour lui. La technique est neutre, elle devient "bonne" ou "mauvaise" selon l'usage qu'on en fait. C'est pourquoi il est tellement important d'apprendre à la gérer intelligemment et avec sagesse; intelligemment c'est à dire connaître le fonctionnement de la "machine", lui rester supérieur, et avec sagesse c'est à dire avec prudence en sachant l'adapter à nos besoins de telle sorte qu'elle nous serve sans que nous devenions dépendants d'elle, c'est à dire arriver à l'utiliser tout en gardant notre autonomie, en évitant par exemple de laisser se dégrader les fonctions pour lesquelles elle nous "remplace", la mémoire, l'écriture, les calculs. Bref c'est savoir l'utiliser pour le mieux mais aussi savoir s'en passer.
  
Dans La Convivialité, Illitch, sociologue, analyse l'aliénation du consommateur par le système économique, à travers le "mythe de l'auto". Dans une étude chiffrée avec précision, il additionne d'un côté, le temps de travail global nécessaire à l'achat d'une voiture, à son entretien, à l'essence, aux réparations, à son assurance, le temps perdu pour les blessés, et le temps passé dans les embouteillages et, d'un autre côté, le temps nécessaire pour les mêmes activités, si l'on utilisait les transports en commun ou la bicyclette. Sa conclusion est évidente,  posséder une voiture, implique une perte de temps très importante donc une perte de disponibilité et par conséquent une grande diminution de liberté . Selon  Illitch il faut apprendre à utiliser le progrès technique de telle sorte qu'on n'en devienne à aucun prix l'esclave. Pour lui, le téléphone est par exemple un "outil convivial" parce qu'il permet des relations rapides, faciles, avec un gain de temps prodigieux, sans un investissement énorme. Il faudrait donc apprendre à gérer sa vie de telle sorte qu'on ne soit pas complètement dépendant de la technique mais qu'on en soit  avant tout, le principal  bénéficiaire.

Au XXI° "le Vélib" apparaît accompagné d'une technologie électronique de pointe.
    
Dans L'Homme Unidimensionnel, Marcuse, sociologue, explique que dans notre société contemporaine, l'être H. est piégé, par le processus de la consommation. Il travaille pour consommer, mais les produits de consommation sont si nombreux, qu'il doit travailler au maximum de ses possibilités pour pouvoir se les acheter, le plus souvent à crédit, et en définitive il n'a plus assez de loisirs pour profiter de ses objets. Il devient "unidimensionnel" c'est à dire qu'il se rétrécit, perd toute sa créativité, devient une copie-conforme des autres consommateurs, perd sa joie de vivre et son équilibre. C'est là l'origine et l'explication du malaise et de l'angoisse de la civilisation contemporaine. On peut même ajouter que la violence et la criminalité contemporaines procèdent du refus ou de l'impossibilité d'entrer dans ce processus.

Aujourd'hui plus que jamais, les problèmes de la pollution, des aliments transgéniques, du réchauffement planétaires etc. sont devenus primordiaux. Les chefs d'Etat du monde entier cherchent des solutions d'urgence.  (Copenhague 2009)

4. Prudence et responsabilité

Les pouvoirs que nous donne la biologie et leurs dangers

Presque tous ces pouvoirs apparaissent immenses, et contre nature parce qu'ils vont au-delà des limites. La nature demande souvent à être réparée ou améliorée …et la biologie le permet souvent .

Mais le progrès de la science (du rationnel) engendre parallèlement une montée de l'irrationnel. La science occupe dans notre société une fonction magique. Elle alimente les fantasmes les plus fous. Lire Rostand : Aux frontières du surhumain.

Hibernation, lyophilisation, congélation, fabrication d'animaux-chimères, de microbes  nouveaux, greffes, manipulations génétiques. Lire Huxley : Le meilleur des mondes : il imagine un monde où l'on réaliserait les possibilités de la biologie….Il montre que cette société serait terrifiante, qu'elle annulerait toute liberté.

Aujourd'hui, les pouvoirs que donne la biologie à l'humanité sont tels qu'ils donnent le vertige.
En voici seulement quelques exemples :

 1. Les manipulations génétiques

* Sur les végétaux : les O.G.N (organismes génétiquement modifiés). Pour rendre certains aliments plus résistants et plus productifs, les biologistes ont introduit des gènes de scorpion dans les tomates ou encore des gènes de méduse dans le maïs par exemple. La production alimentaire  décuplée pourrait être une solution à la malnutrition. Mais d'une part ces O.G.N. sont stériles, d'autre part, on ne sait pas de quelle façon les modifications génétiques vont se répercuter sur les différents consommateurs de ces produits, vers, oiseaux et surtout humains. Les généticiens n'excluent pas la possibilité d'une déstabilisation en chaîne des codes génétiques. Le risque est encore non calculé, non prévisible.

* Sur les organismes animaux ou humains : Les animaux transgéniques, souris, singes… Récemment on vient de produire un macaque Rhésus transgénique surnommé "ANDI" (Le Monde du 13/01/01) pour mettre au point des traitements du Sida et du cancer du sein.

* La thérapie génique consiste à corriger une maladie héréditaire par transfert du gène normal dans les embryons déficitaires. Ce gène s'ajoute  au gène muté. Cette technique vient de donner d'excellents résultats pour les "enfants-bulle" dont le système immunitaire était défaillant.

D'énormes difficultés demeurent : chez l'être humain, par exemple, la maladie d'Alzheimer ne dépend pas d'un seul gène mais d'une combinaison de plusieurs gènes et de plus cette même maladie résulte de combinaisons différentes chez des sujets différents.

2. Les substances biochimiques

Antibiotiques, Mélatonine, Viagra, DHEA, Prozac …modifient la qualité de vie, les performances normales, et même, indirectement, la durée de vie. Celle-ci a doublé en cent ans.

3. La PMA (Procréation Médicalement Assistée), qui utilise tous les progrès de la technologie et de la génétique, permet de pallier la stérilité des couples.
 
a) La FIV, (Fécondation in vitro). Grâce à la congélation de sperme (les ovules ne peuvent pas être congelés pour le moment) de donneurs anonymes ou non, les difficultés d'espace et de temps sont résolues. Il devient possible de féconder un ovule avec le sperme d'un homme qui se trouve à l'autre bout du monde ou encore d'un homme mort depuis longtemps. Les morts peuvent désormais engendrer ! Les femmes peuvent "vendre" leurs ovules. (Récemment, (Nov.1999), sur Internet des "top models" ont mis en ventes leurs ovules). L'embryon obtenu dans une éprouvette peut être implanté dans l'utérus d'une femme (mère ou mère porteuse), ou congelé et mis en attente. L'enfant pourra avoir plusieurs parents.
(La FIV. est interdite par le Vatican).
 
b) L'ICSI (Intracytoplasmic Spermatozoïd Injection).

Lors de la fécondation "naturelle" ou de la FIV, des millions de spermatozoïdes entourent l'ovule qui n'en "choisit" qu'un. On ne sait pas exactement sur quels critères. Il semble que ce soit le spermatozoïde qui contienne les gènes les plus différents des siens. Or en raison de la baisse (inexpliquée) de la fertilité masculine, dans l'ICSI on prend un seul spermatozoïde qu'on introduit "de force", à l'aide d'une impulsion électrique, dans l'ovule. Certains biologistes ont parlé de "viol de l'ovule". L'expression est exagérée, mais on ne sait pas du tout si, en situation "normale", c'est bien ce spermatozoïde qui aurait été choisi et, de ce fait, on en ignore les conséquences biologiques ou psychologiques.
 
4. Le diagnostic pré-implantatoire. Il est possible d'identifier certains gènes défectueux sur un embryon, d'éliminer celui-ci, et donc de choisir celui qui ne présente aucune altération, avant de l'implanter.

5. Le clonage ouvre sur des difficultés immenses. Il existe deux sortes de clonages :

  a) Le clonage reproductif

La possibilité de fabriquer le double parfait de quelqu'un libère les fantasmes les plus fous.

En Févr.1997 le premier clone a été réussi, après 277 essais, la brebis Dolly. Depuis de nombreux autres clones ont été produits. Aux USA, des laboratoires privés (le Docteur Seek à Chicago, la secte des Raëlien aux Bahamas) ont affirmé leur intention de fabriquer des clones humains. De nombreux couples sont stériles. Le marché est gigantesque.

- L'on pourra donc bientôt fabriquer son clone, le laisser grandir jusqu'à 20 ans, puis le congeler afin qu'il serve de banque d'organes. C'est le rêve de nombreux Américains. En effet c'est la seule manière d'éviter tout rejet de greffe !

- De nombreux hommes désirent avoir un enfant identique à eux. Le clonage permettra de réaliser ce type d'enfant. Mais est-ce bien un "fils" ou une "fille" ou plutôt un jumeau décalé dans le temps ?

  b) Le clonage thérapeutique pourrait aussi, à partir de cellules embryonnaires du clone sélectionnées, servir à fabriquer, non pas un organisme, mais des tissus, ou des organes.

6. La bio-électronique. A partir d'implants cérébraux, un homme entièrement paralysé a le pouvoir de commander son ordinateur par la force de sa pensée ! (Le Monde 6/12/99)
Le futur "homme bionique" se réduira-t-il à un cerveau couplé à un robot ?

7. Le gène de la mort. Les généticiens pensent que la durée de la vie serait modulée par un gène ou une combinaison de gènes. Pourra-t-on bientôt le modifier et allonger la vie ? Sommes-nous proches de l'immortalité au moment où la terre devient justement inhabitable ?

Ce ne sont que quelques exemples choisis parmi un très grand nombre.

Cependant, malgré tous ces progrès il reste encore bien des énigmes, et des obstacles. Le cancer, le virus "Ebola", ou celui du  sida, et de très nombreuses maladies, ne sont toujours pas vaincus. L'A.D.N. n'est encore pas décrypté (=décodé).

Il n'y a pas de recherches sans expérimentations. Celles-ci coûtent très cher, des milliards de dollars, et sont réalisées essentiellement par des laboratoires privés. Leur logique est uniquement économique, fondée sur la rentabilité. Il est impossible d'arrêter la science. D'où les multiples dangers. Des biologistes en prennent  conscience, avertissent le public. Le professeur Jacques Testart, il y a quelques années, a donné publiquement sa démission au congrès de biologie de Montreux. Toutes ces découvertes posent des problèmes légaux, et philosophiques surtout d'ordre  éthique. Il s'est créé de nombreux comités de bioéthique pour  réfléchir sur les limites à ne pas dépasser. Mais la nature peut-elle nous éclairer ?

5. La nécessité d'une réflexion morale sur ces pouvoirs : La bioéthique

Le principe de PRECAUTION

C'est à partir des pouvoirs que nous ouvre la biologie qu'est née un début de réflexion morale et philosophique sur les limites à nous imposer. Voici quelques exemples :

Domaine juridique

- L'embryon viable a une personnalité juridique. A-t-on le droit de le modifier, de le détruire ?

- L'A.D.N. humain est un trésor, il est un patrimoine de l'humanité. En ce moment, il existe environ 100.000 embryons congelés, en attendant d'être inséminés. Que faire des embryons non utilisés ? A qui appartiennent-il ?

- Si la destruction des embryons et des fœtus est légale (IVG) comment interdire celle des embryons non utilisés, voire les expérimentations sur eux ?

- Peut-on porter plainte contre le fait d'être né malformé ? (Cf L'arrêt Nicolas Perruche, Nov. 2000) La vie est-elle un préjudice ?

Philosophique

  * Anthropologie

- La fécondation in vitro avec donneurs de sperme ou d'ovules, casse la structure triangulaire de la parenté. Un enfant peut avoir jusqu'à cinq parents, cela pose le problème de la pluriparentalité. Qui sont les "vrais" parents ? La notion traditionnelle de famille éclate.

- Si des centaines de fécondations sont possibles à partir d'un seul donneur, comment éviter l'inceste ?

 * Psychologie

- Quelles sont les conséquences psychologiques pour un embryon de rester congelé plusieurs mois voire plusieurs années, s'il existe comme le dit Freud une mémoire prénatale ?

- La procréation existe sans sexualité, sans amour, sans aucune rencontre physique des deux géniteurs, sans même qu'ils se connaissent.

- L'effacement des racines puisque les donneurs sont anonymes. Or l'enfant a besoin d'un lien symbolique avec le visage ou au moins l'identité de ses géniteurs.

* Politique

Grâce au diagnostic préimplantatoire qui permet l'analyse des gènes d'un embryon, on peut éviter de laisser se développer un embryon porteur de gènes défectueux. On peut donc éviter le pire et chercher le meilleur. Comment éviter l'enfant à la carte (choisi selon les fantasmes des parents et les critères de la société) ?  Déjà en Inde ce diagnostic permet l'élimination des filles. L'eugénismese profile.

* Morale ou éthique

- Faut-il exiger la liberté de procréer à tout prix ? Le don de la vie est-il un droit absolu ? Faut-il le refuser aux célibataires, aux homosexuels, aux géniteurs présentant des maladies génétiques ?

- A-t-on le droit de cloner des être célèbres depuis longtemps disparus (si l'on possède leur A.D.N.) Ramsès II, Napoléon, etc…  ou des morts de la famille, (un grand-père, un enfant mort très jeune) ?

- Le clonage reproductif (qui revient, en fait, à vouloir et à réaliser l'existence d'un être génétiquement identique à soi) respecte-t-il le droit de l'individu à son originalité et à son unicité ? A-t-on le droit de déterminer de sa propre volonté toutes les caractéristiques d'un enfant ou est-il plus moral d'accepter qu'il soit différent et absolument unique ?

 (Problème des jumeaux qui considèrent le plus souvent leur gémellité comme un cadeau de la nature !)

- Utiliser son propre clone comme banque d'organes, c'est s'en servir comme d'un objet,  l'instrumentaliser, lui ôter non seulement toute dignité mais même son droit à vivre.

- La sélection d'un embryon non porteur d'anomalie génétique pour faire un enfant capable de sauver un membre de sa famille, sa petite sœur par exemple, atteinte d'une grave maladie génétique, (affaire Valentin Nov. 2000), est-elle moralement défendable ? L'enfant est, lui aussi, instrumentalisé. Mais la vie de l'autre enfant ne méritait-elle pas d'être sauvée ? A quel prix ?

* Métaphysique

 - Où commence la dignité de la personne humaine ? A quel moment la conscience est-elle présente ? La conscience se trouve-t-elle déjà, en puissance, dans l'information du code génétique ou se forme-t-elle beaucoup plus tard ?

La structure de notre pensée obéit-elle à celle de nos gènes ? Si oui que pouvons-nous connaître ?

- Sommes-nous la résultante de nos gènes ou plus que nos gènes, des êtres libres ?

- La valeur d'un être réside-t-elle dans son unicité physique, génétique ? (toujours le problème des jumeaux ?).

- La force qui oriente l'évolution des êtres vivants suit-elle une voie aléatoire (= hasard) ou bien obéit-elle à des lois sous-jacentes exprimant une finalité (invisible) ?

- Pouvons-nous changer l'ordre de l'univers, ressusciter des espèces disparues, supprimer la mort…? 

Pour l'instant il règne un très grand flou juridique et moral.

Conclusion

Finalement le déséquilibre entre la puissance technique et la fragilité, l'immaturité, la faiblesse psychologique de l'être humain mettent à la fois l'homme et la civilisation en danger. C'est ce que pense Freud. Le progrès technique et le progrès moral et psychologique ne vont pas à la même vitesse.

BERGSON disait qu'il faudrait à la société contemporaine "un supplément d'âme"

 

D.Desbornes. 2009