Découverte de la philosophie
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Le Temps

Introduction

1. Conception réaliste du temps

2. Conception idéaliste du temps

3. L'apport de la Théorie de la Relativité : Einstein

4. Les données des "sciences humaines"

5. Le temps, marque de notre impuissance

6. Le combat contre le temps

7. L'acceptation et l'utilisation du temps

8. La connaissance du temps

Conclusion

Introduction

Alors que dans l'espace, nous pouvons aller et revenir – l'espace est réversible – le temps, lui, est toujours "à l'endroit" (Jankélévitch) ou irréversible. Tout retour est à jamais impossible. Mais bien plus, il est irrévocable. Tout ce qui a été accompli est définitif. Ce qui a été fait ne peut en aucun cas être défait. La parole qui se déploie dans le temps ne peut plus ne pas avoir été dite. L'écriture, au contraire qui se déploie dans l'espace peut être effacée, gommée, la page déchirée, (tant qu'elle n'a pas été envoyée). Dans le temps, nous sommes "embarqués" (Pascal). Dés qu'un enfant naît, il se rapproche inexorablement de sa mort. Car le seul événement qui soit absolument certain dans le futur, c'est notre mort.

Les deux formes de temps qui entourent le présent, le futur et le passé, ne sont pas symétriques. Il n'y a aucune commune mesure entre "être", devenir et "avoir été", véritable "ombre de l'être" (Jankélévitch).

Le temps, comme Chronos, est-il à la fois ce qui nous permet d'émerger, de surgir dans l'existence et ce qui nous anéantit ?  Le temps est-il à l'extérieur de nous ou en nous ?

Le TEMPS
                                                                                                                   
Le temps est le milieu homogène et indéfini dans lequel se déroulent les événements. Il est à la fois succession et continuité. (Définition provisoire et inexacte).

Le temps est "une période qui va d'un événement antérieur à un événement postérieur". Platon.

Le temps est un "changement continuel dans lequel le présent devient passé." Bergson.
 
Le défaut de toutes ces définitions consiste à définir le temps à l'aide de notions qui présupposent le temps. En réalité, le temps est une notion première, c'est-à-dire une "intuition" qui aide à se représenter une idée.

"Si personne ne me le demande, je le sais, mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne sais plus." St Augustin.

Le temps est partout. On ne peut pas parler du temps sans le présupposer. Pour parler de lui il faut du temps, la parole se déroule elle-même dans le temps.

"Le temps est l'étoffe même de la vie psychique." Bergson, et de la vie tout court.

1. Conception réaliste du temps

Le temps existe à l'extérieur de l'homme, comme milieu.

Platon dans l'Allégorie de la Caverne laisse supposer que l'âme (elle-même atemporelle et non spatiale)  tombe dans un univers spatio-temporel qui lui est étranger. Le temps est une perpétuelle mouvance, une dégradation de l'être. Le devenir entraîne tout être temporel vers la corruption, la dégradation, l'anéantissement, la mort. Lorsque l'âme s'incarne, elle "tombe" dans ce monde de l'espace et du temps, que Platon appelle le monde sensible, représenté par une caverne obscure, où apparaissent puis disparaissent des ombres. Mais seul notre corps est emporté dans ce mouvement du temps.

Le pendule de torsion est le symbole du temps, selon Platon. Le temps se déploie d'abord dans une direction, s'accélère, s'arrête un bref instant pour repartir en sens inverse, d'abord lentement puis de plus en plus vite. Ainsi, l'histoire des hommes évolue tantôt vers l'âge d'or, tantôt vers l'âge de fer.

Pour Descartes, le temps et l'espace sont des milieux homogènes qui existent en eux-mêmes : ce sont des "substances" qui ont une réalité permanente, servant de support ou de cadre aux autres êtres.

2. Conception idéaliste du temps

Le temps n'existerait pas en soi, mais en nous. Telle est la théorie de Kant. Cette conception s'appelle : idéalisme transcendantal.
Le temps (et l'espace) est une "forme a priori de notre sensibilité". Ce qu'il y a à l'extérieur de notre esprit est inconnaissable (= noumènes), mais notre esprit les "capte" à l'aide de ses propres structures et les traduit à sa façon, en les déployant dans le temps et l'espace (= phénomènes).

Revoir dans le cours sur la Vérité, la description de l'expérience dans laquelle un sujet relié à des électrodes "traduit" ou "interprète" le même courant électrique, en fonction de ses propres récepteurs sensoriels. Le même stimulus est perçu à travers une forme spatiale (un cercle sur le mur) ou à travers une forme temporelle  (succession de notes de musique dans la durée).

3. L'apport de la Théorie de la Relativité : Einstein

Le monde, dit Einstein est un continuum quadridimensionnel. Cela signifie que l'espace et le temps ne sont pas séparables.

"Avant" le Big Bang, il n'y a ni temps ni espace. C'est la gigantesque explosion originelle qui est créatrice à la fois du temps de l'espace, et de la matière. Le mouvement centrifuge engendre l'espace, et en même temps et ouvre le temps, le devenir, la succession des moments. Il n'y a pas de mouvement possible sans le temps. L'espace et le temps sont des propriétés de l'univers. La longueur d'un corps varie en fonction de sa vitesse. Si la vitesse des galaxies est en accélération, leur espace se contracte. Si leur vitesse est en décélération, leur taille augmente. La masse d'un corps est, elle aussi, dépendante de sa vitesse. Enfin l'écoulement du temps est relatif à la vitesse. Plus un corps de déplace vite plus le temps ralentit pour lui. S'il dépassait la vitesse de la lumière (ce qui est impossible d'après Einstein) il sortirait du temps. Nous étudierons en classe le paradoxe de Langevin.    

Ainsi le temps est relatif à la position de l'observateur. Il n'existe aucune possibilité de mesurer le temps réel. Il n'existe aucun point fixe dans l'univers à partir duquel l'on pourrait se référer.

4. Les données des "sciences humaines"

Le temps nous tisse. Nous sommes des êtres historiques, temporels. Nous sommes les produits du passé. Notion d'historicité de l'homme.

- En anthropologie, L.Malson écrit dans Les Enfants Sauvages : "L'homme n'a pas de nature, mais il a ou plutôt il est une histoire". Importance de l'héritage et de l'acquis. Sans eux, nous serions totalement démunis, comme les "enfants sauvages". La civilisation qui nous hominise est un produit du passé. Cf. la théorie existentialiste.

Le temps est-il la marque de notre impuissance ?  Sommes-nous piégés par lui ?
(Relire la dissertation philosophique sur le temps qui accompagne le cours de Méthode sur la technique de la dissertation).

5. Le temps, marque de notre impuissance

Le temps serait une sorte de "passion",  ce en face de quoi nous serions passifs, nous ne pourrions déployer aucun effort sur lui. Impossibilité absolue de le ralentir d'un milliardième de seconde ou de l'accélérer. Fuite irréversible (qui ne peut pas revenir en arrière) . Aspect irrévocable (qui ne peut pas être annulé ou défait). Jamais de retour "réel" possible en arrière. Nous sommes  entraînés, "embarqués".

Lamartine : "O temps suspens ton vol". Pour combien de temps ? On ne lui échappe pas. Tout est éphémère, provisoire, voué à la disparition, à l'engloutissement vorace de SATURNE-CRONOS, chaque seconde nous rapproche de notre mort. Cronos (ou Chronos) était un dieu grec, père de Jupiter-Zeus. Il dévorait les uns après les autres, les enfants qu'il avait engendrés. C'est par une ruse que Jupiter a été sauvé.

La science nous dit que dans quelques milliards d'années, le cosmos tout entier sera "mort", désagrégé, réduit en poussière de particules, redevenu "soupe cosmique" cf H.Reeves : Patience dans l'Azur. Le temps certes, permet le déploiement d'une infinité d'existences, de vies, (néguentropie) Mais il semble que la force d'entropie l'emporte sur celle de la néguentropie.   Nous sommes condamnés au REGRET, et au REMORDS.

Que faire ?  Cueillir le jour  (carpe diem, dit le latin), lutter ?  Comment ?

6. Le combat contre le temps

 - Par la mémoire, le stockage des souvenirs. Dans notre cerveau, puis avec tou­tes les techniques possibles : l'écriture est une victoire sur le temps  cf. le mythe de THEUTH. Tous les documents, archives, traces du passé étudiés par les historiens, dans les bibliothèques, les mémoires (= informations) des ordinateurs, les photographies, toutes les sortes magnétoscopes, vidéo, disques durs, D.V.D…sont de véritables victoires sur l'effacement et l'anéantissement dus au temps.
                                                                                                                                                                   
- Par la Technique. Les "machines" à se déplacer : automobiles, motos, T.G.V. avions, fusées, et tous les moyens de communication, et télécommunications, E-mails. Impression de gagner du temps, d'aller vite... (Essayez d'analyser vos sensations et impressions lorsque vous allez à toute vitesse : sentiment d'exister intensément, annulation du temps, invulnérabilité..)
Aujourd'hui on communique à la vitesse de la lumière…
 
 - Par la médecine, allongement de la vie, impression de tenir la mort à distance, de la faire reculer.

- Par l'imagination et la rêverie :   anticipation,  dépassement du temps par l'utopie (lieu qui n'existe nulle part), l'uchronie (temps qui n'existe dans aucun temps réel : "Il était une fois…"), l'espoir, les projets. Futurologie science-fiction, nous  lancent dans l'avenir.

- Par l'art, métamorphose d'un passé qui n'était plus en une œuvre  littéraire qui existe au présent et existera dans le futur cf Proust A la recherche du Temps perdu. Cf Cours sur l'art théorie de Malraux : l'art est un "anti-destin". Passage à l'irréel, sortie du temps, impression d'éternité

- Par le rêve (au sens freudien), expression d'un inconscient atemporel, qui nie la succession, la chronologie, pour organiser les représentations selon un autre ordre : celui du désir, du fantasme.

- Par les religions: âme immortelle. Notre désir d'éternité serait fondé. Il existe­rait un autre monde, spirituel, en dehors du temps.

- Par les métaphysiques de l'être (Platon. Caverne)

- Par l'invention des techniques dites de divination ou de voyance (tarots, chiromancie (divination à l'aide des lignes de la main), cartomancie (divination à partir des cartes), géomancie (divination à partir de jets de cailloux ou de baguettes dans l'espace), boules de cristal, horoscopes etc.  projection dans le futur, et attente de ce futur, (ou crainte).

Il y a beaucoup de manières de refuser le temps. Ce refus est-il une réelle victoire ou une illusion de victoire? En tout cas il exprime une difficulté à vivre le temps.

"Nous ne tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt." Pascal. L'animal est enfermé dans le présent.

7. L'acceptation et l'utilisation du temps

Essayer de vivre chaque instant comme s'il était unique (et il l'est réellement!), avec émerveillement. Coïncider avec le devenir.

"Le temps est un enfant qui joue au trictrac" Héraclite.

Trictrac = jeu de dés dans l'Antiquité

Cela signifie que l'éternel brassage, mélange, des éléments de la matière se fait au hasard. Il n'y a pas derrière ce mouvement une conscience douée de volonté ou d'une intention quelconque, bonne ou mauvaise. L'ensemble des événements se déploie comme un jeu, dans l'innocence la plus complète. Personne n'est responsable. Il faut donc vivre sa vie telle qu'elle se présente d'une manière ludique, sans amertume ni révolte.

Nietzsche reprend, en partie, cette conception héraclitéenne du temps. Selon lui il faudrait vivre au "seuil de l'instant", avec la légèreté, de l'enfant, dans l'oubli, dans "l'innocence du devenir". En quelque sorte se mettre à califourchon sur la pointe de la flèche du temps.  Dire  OUI au mouvement du temps qui est à la fois création et déclin, c'est dire  OUI à la vie, et à la mort qui est nécessairement contenue dans la vie. Dionysisme, pantragisme, retour éternel.

Pour Marx : La prise en "mains" de son destin futur par l'homme, donc de sa LIBERTE, passe par la compréhension du passé, la connaissance du moteur de l'histoire (= l'économie). Si l'homme en connaît les lois, alors il peut AGIR dessus, et construire son futur. Il peut "faire" son histoire, au lieu d'être fait par elle.

Freud pense que, par une anamnèse, ce retour particulier au passé qui s'effectue dans la cure analytique, (sur le plan individuel), le sujet peut maîtriser son rapport  au passé, et au lieu d'être déterminé par lui sans le savoir. En effet, si "Le moi n'est pas maître dans sa maison", c'est parce que d'autres instances, (cf. Topique l ou Topique 2), édifiées dans et par le passé, me dominent. Le sujet, par la compréhension  de son passé, peut le dépasser, le dominer, s'en libérer - mais non pas l'oublier -, et transformer sa vie. C'est-à-dire passer de l'acte manqué à l'ac­te réussi" cf. tout le cours sur la psychanalyse.

On peut habiter le présent, s'étaler dans le temps, à condition que le présent soit vécu comme une synthèse du futur (projets, buts, espoirs) et du passé.

8. La connaissance du temps

Difficulté à cerner son essence, (cf. § 1), mais l'on peut étudier ses effets.

A. Perception subjective du temps : saisie intuitive = "proto-connaissance". Cette perception est très subjective. Les psychologues l'étudient. Par exemple, ils se demandent quelle est l'épaisseur du temps perceptible = ce qui est senti comme appartenant au présent immédiat : deux secondes ! d'après les statistiques. Ce qui précède est perçu comme passé, ce qui suit est perçu comme futur. Le temps visuel paraît plus long que le temps auditif. Une projection d'images de deux secondes paraît plus longue que l'audition  d'un son de durée égale. 

Nous existons sans cesse "coincés" dans ces "deux secondes filantes". Notre vie concrète se dérou­le toujours dans un minuscule présent mobile. C'est seulement dans cette infime durée de temps que nous pouvons agir, insérer nos actes dans le monde, avoir une action possible, d'où leur valeur. Ce sont elles qui deviennent passé, ce sont elles qui orientent et peut-être déterminent notre avenir. Ne rien en faire, est-ce "perdre son temps"?

(Il existe de très grandes distorsions dans les appréciations subjectives du temps chez les spéléologues.)

Phénomène d'accélération subjective du temps dans le vieillissement.                   

B. Représentation culturelle du temps

La nécessité de CLORE le temps apparaît dans ses représentations, peut-être pour exorciser cette "hémorragie de l'être" et l'angoisse qu'elle suscite.

Représentation visuelle :

En Orient symbole de la ROUE. Le temps est cyclique. Donc la dévoration n'est qu'apparente. Tout  revient.

En Occident symbole du vecteur orienté avec un commencement et une fin. Voir Bible.

C. Perception objective du temps.  Représentation rationnelle.

Ici se pose le problème de la mesure du temps. D'abord  i1 apparaît que ce que l'on mesure, c'est l'espace parcouru par un mobile dont le mouvement est un uniforme !

1- Invention de cadrans solaires et de montres solaires :

= Mesure d'un mouvement de l'ombre d'un objet vertical en fonction du déplacement du soleil. La division de cet espace en 12 zones est très ancien. Douze est un nombre symbolique (4 x 3), produit des  4 points cardinaux par les 3 plans du monde (nature, culture, divin) ou les trois "aspects" du temps (présent, passé, futur) (cf. Dictionnaire des Symboles, J.Chevalier et A.Gheerbrant (édit, Seghers), (12 sig­nes du zodiaque, 12 mois, 12 tribus des hébreux, 12 disciples du Christ, 12 chevaliers de la table ronde, etc.)  

- 2 Les clepsydres = principe de la mesure d'une quantité d'eau s'écoulant régulièrement dans un récipient. Mesure de la hauteur du liquide pour déterminer la durée.

- 3 Les sabliers = même principe, le contenu est du sable.

- 4 Utilisation des bougies et  des chandelles graduées. Méthode originale des Japonais pour se réveiller le matin. Une cordelette est fixée d'un côté dans une bougie, au niveau d'une graduation donnée, de l'autre côté au mur. Au milieu est suspendue une clochette, juste au-dessus d'un récipient métallique. Lorsque la combustion de la bougie atteint le niveau de la cordelette, elle la brûle, et la clochette tombe avec fracas, à l'heure fixée pour le réveil.

- 5 Montre à ressort : le déplacement de l'aiguille est proportionnel à l'allongement d'un ressort.

- 6  Montre à QUARTZ = grande révolution dans la mesure du temps. Cette mesure se fonde désormais sur une vibration, une périodicité de la matière. Les savants ont défini une unité physique de temps atomique. La voici : "UNE SECONDE est égale à la durée de 9.192.631.770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133", UNE SECONDE est égale à 1/31.556.925,9747 de l'année tropique pour Janvier 1900, de O h. à 12 h, de temps des éphémérides. Un jour = 1/365,25636274 de l'année sidérale pour 1900".(Tous ces renseignements ont été relevés au Musée de la mesure du temps. La Chauds de Fonds. Suisse.)

Le temps mesuré est un temps construit

- 7 Découverte des  "horloges biologiques" : la chronobiologie, les êtres vivants, végétaux, organismes, animaux.. suivent des rythmes précis : les biorythmes. Il existe un très grand nombre de périodicités dans les organismes, les unes très rapides, les autres lentes ou très lentes.

- 8 Les limites de ces mesures du temps. Le problème de la relativité !

Nous ne savons pas à quelle vitesse exacte notre galaxie se déplace dans l'espace. Est-elle en accélération? en décélération? Il n'y a pas de point de repère absolu, pour identifier ce mouvement. Donc puisque la mesure du temps se fonde sur le mouvement de la matière, à différents niveaux, on peut en déduire que cette mesure n'est pas non plus elle-même absolue.

Conclusion

Bachelard a parlé du "tragique isolement de l'instant", peut-être est-ce en définitive ce que Nietzsche a voulu dire à travers sa conception de l'ETERNEL RETOUR. L'idée que, indéfiniment resurgit, identique à lui-même, cet instant présent, étroit, qui nous enserre de ses limites, auquel nous ne pourrons jamais échapper, sinon dans la mort, et qui pourtant est notre réalité, notre seul absolu. Chaque instant présent "émerge" d'un passé infini, comme la crête d'une vague dans un immense océan, et précède un futur tout aussi infini, coupé, isolé, dans cette immensité cosmique. Cette conception de 1' éternel retour est soutenue par des penseurs contemporains (J.WAHL, G.DELEUZE)

Pour déployer son action et son intelligence, l'Occident a choisi l'espace,  les grands voyages, l'Odyssée d'Ulysse. . . "l'Odyssée de l'espace". La technique est orientée vers les moyens de locomotion, la géométrie, la cosmologie....

D'où le malaise qu'éprouve l'Occidental par rapport au temps, son refus du vieillissement, son inaptitude à vieillir, son refus de la lenteur des rythmes naturels et son désir d'aller VITE. D'où le remplacement de ces rythmes (= périodicité naturelle) par des cadences (= périodicité mécanique). le métronome,  mouvement régulier, répétitif, mais dont la mesure temporelle, la durée, est artificielle. D'où les conflits avec l'organisme, avec le corps. altération, refus du corps, maladies, conflits. Si pour maîtriser la nature, il faut savoir lui obéir, pour maîtriser le temps, il faudrait lui obéir, mais qu'est-ce que cela veut dire ? Serait-ce l'apprentissage de la patience ? La connaissance des rythmes, de leur mécanisme, de leur fonction, et leur utilisation fonctionnelle.

Les vieillards sereins que l'on rencontre quelquefois en Orient ont-ils su apprivoiser, voire maîtriser le temps ? 

D.Desbornes. 2009