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Le temps

 La fin des temps dans le philosophie orientale  : le Kali Yuga

Le linga Purana décrit ces hommes du Kali Yuga comme tourmentés par l'envie, irritables, sectaires, indifférents aux conséquences de leurs actes. Ils sontmenacés par la maladie, la fairn, la peur et de terribles calamités naturelles. Leurs désirs sont mal orientés, leur savoir utilisé à des fins maléfiques. Ils sont malhonnêtes. Beaucoup périront. La caste des nobles et celle des agriculteurs déclinent. C'est la classe ouvrière qui, durant l'Âge de Kali, prétend gouverner et partager avec les lettrés le savoir, les repas, les sièges et les lits. Les chefs d'Etat sont pour la plupart de basse origine. Ce sont des dictateurs et des tyrans.

On tue les fœtus et les héros. Les ouvriers veulent jouer des rôles intellectuels, des intellectuels celui des ouvriers. Les voleurs deviennent des rois et les rois deviennent des voleurs. Les femmes   vertueuses sont rares. La promiscuité se répand. La stabilité et l'équilibre des castes et des âges de la vie disparaissent partout. La terre ne produit presque rien dans certains lieux et beaucoup dans d'autres. Les puissants s'approprient le bien public et cessent de protéger le peuple. Des savants de basse origine sont honorés comme des brahmanes et livrent à des gens qui n en sont pas dignes les secrets dangereux des sciences. Les maîtres s'avilissent en vendant le savoir. Beaucoup se réfugient dans une vie errante.  Vers la fin du Yuga, le nombre des femmes augmente, celui  des hommes diminue.

Durant l'Âge de Kali, le Grand Dieu, Shiva, le pacificateur, bleu sombre et rouge, se révélera sous une forme déguisée pour rétablir la justice. Ceux qui iront à lui seront sauvés.

Vers la fin du Yuga, les animaux deviennent violents, le nombre des vaches diminue. Les hommes de bien se retirent de la vie publique. De la nourriture déjà cuite est vendue sur la place publique. Les sacrements et la religion sont eux aussi à vendre.

La pluie est erratique. Les commerçants  malhonnêtes. Les gens qui mendient ou cherchent un emploi sont de plus en plus nombreux. Il n'y a personne qui n'emploie un langage grossier, personne qui tienne sa parole, personne qui ne soit envieux… Des gens sans moralité prêchent la vertu aux autres. La censure règne. Des associations criminelles se forment dans les villes et les pays. L'eau manquera ainsi que les fruits. Les hommes perdront le sens des valeurs. Ils auront des maux de ventre, porteront des cheveux en désordre. Vers la fin du Yuga, certaines gens naîtront dont l'espérance de vie ne sera que de seize ans. Les gens seront envieux des vêtements des autres. Les voleurs voleront les voleurs. Beaucoup deviendront léthargiques et inactifs, les maladies contagieuses, les rats et les serpents tourmenteront les hommes. Des hommes souffrant de la faim et de la peur se trouveront aux abords de la rivière Kaushiki  (le Bengale).

Personne ne vivra plus la durée normale de la vie, qui est de cent ans. Les rites dépériront aux mains d'hommes sans vertus. Des gens pratiquant des rites dévoyés se répandront partout. Des gens non qualifiés étudieront les textes sacrés et en deviendront soi-disant des experts. Les hommes s'entre-tueront et tueront aussi les enfants, les femmes et les vaches. Les sages seront condamnés à mort.

Toutefois, certains atteindront la perfection en très peu de temps. (…) 
Linga Purana, II chap 39, 42-45.

Guerre / Violence

Joseph de MAISTRE

"Observez de plus que cette loi déjà si terrible de la guerre n'est cependant qu'un chapitre de la loi générale qui pèse sur l'univers.
   
   Dans le vaste domaine de la nature vivante, il règne une violence manifeste, une espèce de rage prescrite qui arme tous les êtres in mutua funera : dès que vous sortez du règne insensible, vous trouvez le décret de la mort violente écrit sur les frontières mêmes de la vie. Déjà, dans le règne végétal, on commence à sentir la loi : depuis l'im­mense catalpa jusqu'au plus humble graminée, combien de plantes meurent, et combien sont tuées ! Mais, dès que vous entrez dans le règne animal, la loi prend tout à coup une épouvantable évidence. Une force, à la fois cachée et palpable, se montre continuellement occupée à mettre à découvert le principe de la vie par des moyens violents. Dans chaque grande division de l'espèce animale, elle a choisi un certain nombre d'animaux qu'elle a chargés de dévorer les autres : ainsi, il y a des insectes de proie, des reptiles de proie, des oiseaux de proie, des poissons de proie et des quadrupèdes de proie. Il n'y a pas un instant de la durée où l'être vivant ne soit dévoré par un autre. Au-dessus de ces nombreuses races d'animaux est placé l'homme, dont la main destructrice n'épargne rien de ce qui vit ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s'instruire, il tue pour s'amuser, il tue pour tuer :  roi superbe et terrible, il a besoin de tout, et rien ne lui résiste. [...]

Mais cette loi s'arrêtera-t-elle à l'homme ? Non sans doute. Cependant quel être exterminera celui qui les exter­minera tous ? Lui. C'est l'homme qui est chargé d'égorger l'homme. Mais comment pourra-t-il accomplir la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux; lui qui est né pour aimer; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-même, qui trouve du plaisir à pleurer, et qui finit par inventer des fictions pour se faire pleurer ; lui enfin à qui il a été déclaré qu'on redemandera jusqu'à la dernière goutte du sang qu'il aura versé injustement1? C'est la guerre qui accomplira le décret. N'entendez-vous pas la terre qui crie et demande du sang ? Le sang des animaux ne lui suffit pas, ni même celui des coupables versé par le glaive des lois. Si la justice humaine les frappait tous, il n'y aurait point de guerre ; mais elle ne saurait en atteindre qu'un petit nombre, et souvent même elle les épargne, sans se douter que sa féroce humanité contribue à nécessiter la guerre, si, dans le même temps surtout, un autre aveuglement, non moins stupide et non moins funeste, travaillait à éteindre l'expiation dans le monde. La terre n'a pas crié en vain : la guerre s'allume. L'homme, saisi tout à coup d'une fureur divine, étrangère à la haine et à la colère, s'avance sur le champ de bataille sans savoir ce qu'il veut ni même ce qu'il fait. Qu'est-ce donc que cette horrible énigme? Rien n'est plus contraire à sa nature, et rien ne lui répugne moins : il fait avec enthousiasme ce qu'il a en horreur. [...]

Ainsi s'accomplit sans cesse, depuis le ciron jusqu'à l'homme, la grande loi de la destruction violente des êtres vivants. La terre entière, continuellement imbibée de sang, n 'est qu'un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jus. qu'à la mort de la mort".

Joseph de MAISTRE (1753-1821), Les Soirées de Saint-Pétersbourg (1821) Septième Entretien, 6° édition, Lyon, 1850, tome II, pp. 27-32