Découverte de la philosophie
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Socrate

 "JE SAIS QUE JE NE SAIS RIEN."

(Attention, "rien"vient de  res en latin et signifie  "peu de chose".

Le deuxième message que la Pythie aurait donné, non pas à Socrate, mais à l'un de ses amis, Chéréphon concernait sa "sagesse". Elle aurait dit :  "Personne n'est plus sage que Socrate".

Socrate est conscient de savoir quelque chose, mais il sait que ce qu'il sait est infiniment limité par rapport à tout ce qu'il aimerait, ou pourrait savoir. Le fait d'être incarné dans un corps réduit presque à néant la possibilité de connaissance de l'esprit. Il comprend alors que c'est justement dans la conscience des limites de son savoir que réside sa sagesse.

Il faut donc distinguer deux types d'hommes :

1. Les PHILODOXES. (philo=aimer / doxa=l'opinion)  Ceux qui vivant dans les apparences et les illusions s'attachent à ces préjugés comme si c'étaient des vérités absolues. Ceux qui détiennent quelques connaissances dans un domaine particulier, et croient tout savoir, et sont des DOGMATIQUES. Ils ne relativisent rien. Ils n'ont aucune idée du caractère partiel et partial de leurs connaissances. Ce sont des IGNORANTS QUI S'IGNORENT. La véritable IGNORANCE est celle qui n'est pas consciente d'elle-même, l'ignorance qui s'ignore ou encore, l'ignorance à la puissance2.

2. Les PHILOSOPHES. (philo = aimer  / sophia = sagesse)  ou les SAGES.

Ceux-là "pratiquent" une ignorance savante, c'est-à-dire consciente d'elle-même.

PROCES ET MORT DE SOCRATE          (lire Le Phédon. de Platon)

a. Procès

Socrate a été condamné par le tribunal "démocratique" d'Athènes (201 voix contre 200 !) à boire la ciguë (poison mortel). On lui reprochait 2 crimes :  1) son impiété    2) la corruption de la jeunesse.

1) son impiété : oui, il ne croit pas aux dieux de la cités, qui sont fabriqués à la ressemblance des humains avec tous leurs défauts. Non, il a le sens du sacré et croit en l'existence du divin. (voir Allégorie de la Caverne).

2) corruption de la jeunesse ? : serait-il homosexuel et entraînerait-il les jeunes dans ce "vice"  ?

* Non : d'abord, en Grèce à cette époque l'homosexualité n'est pas un vice, c'est une coutume, tous les hommes la pratiquent (Aristote qui aime les femmes, est ridiculisé). Socrate ne l'est pas ou en tout cas ne l'est plus ! Il est l'inventeur de l'amour platonique, c'est-à-dire purement spirituel, sans relation physique.

* Oui : en conduisant les jeunes à se retourner, se recueillir sur leur monde intérieur, il les détourne de toutes les responsabilités familiales, sociales, économiques, politiques, et religieuses !

b. Mort

On lui propose de s'évader, il 'refuse, il ne prône pas la désobéissance aux lois de la cité. Non-conformiste, il n'est cependant pas révolutionnaire. Il boit la coupe de ciguë calmement, simplement, renvoie ceux qui pleurent, discute avec ses proches de l'immortalité de l'esprit, jusqu'à ce qu'il sente les effets du poison et la proximité de sa mort. C'est alors qu'il dit à Criton, et ce sont ses dernières paroles :

           " VA SACRIFIER UN COQ BLANC A ESCULAPE "

Est-ce une dernière concession à la piété commune ?  Est-ce un dernier message codé, un trait d'humour ?

Esculape est le dieu de la médecine. On lui offre un sacrifice en général pour le remercier d'une guérison. De quoi Socrate est-il guéri ?  Sinon de son corps qu'il considérait comme une prison et la "maladie de l'âme" 
Le coq est un symbole universel. Il est l'animal qui chante à l'aube pour annoncer l'arrivée du soleil, le règne de la lumière sur les ténèbres. La blancheur est en fait la totalité et la fusion de toutes les couleurs.

Tel est peut-être le dernier clin d'œil de Socrate ?

D.Desbornes. 2010