Le Vivant
Introduction et problématique
1. Le mythe de l'arbre de la vie
2. Evolution historique de la biologie
3. Le cerveau humain
4. Les pouvoirs du biologiste
5. La nature peut-elle servir de modèle?
6. Les problèmes de bioéthique
Conclusion
La notion de vie est ambiguë. Ce que le sens commun entend par "vie" est l'intervalle de temps écoulé entre la naissance et la mort d'un être. Souvent la vie est confondue avec l'existence : par exemple dans l'expression "la vie après la mort". Or, si l'âme existe, elle n'est pas "vivante". On parle aussi quelquefois de la "vie" d'un tableau : "Wang-Fo (peintre chinois) avait le pouvoir de donner la vie à ses peintures" M.Yourcenar Comment Wang-Fô fut sauvé. Il s'agit en réalité d'une intensité d'existence, d'une plénitude ontologique et non de la vie au sens propre.
Ce que le biologiste appelle vie est un ensemble de caractéristiques communes à tous les êtres vivants c'est-à-dire les végétaux et les animaux.
Mais la vie est invisible, insaisissable, indéfinissable. Le "vivant" lui est visible et en partie analysable. L'objet de ce cours n'est donc pas la vie mais bien le vivant.
Un être vivant possède les caractères suivants : (à savoir par cœur).
1. Son unité est la cellule constituant ultime commun à tous les vivants, constitué d'un noyau et d'un cytoplasme.
2. Echange avec le milieu : irritabilité cellulaire et perméabilité sélective.
3. Assimilation : le rôle du métabolisme est de pouvoir transformer ce qui lui est étranger en sa propre substance.
4. Respiration : consommation d'oxygène et rejet de gaz carbonique.
5. Croissance : la cellule et l'organisme grandissent.
6. Autoréparation : cicatrisation par auto-division des cellules.
7. Reproduction par division des cellules (= naissance d'un être vivant identique) ou procréation sexuée par combinaison des chromosomes ou brassage génétique (naissance d'un être vivant original et unique – sauf jumeaux monozygotes-) Il existe un milliard de possibilités différentes lors de chaque fécondation.
A ces sept caractères traditionnels, il faut ajouter que le constituant de base du vivant est la molécule d'A.D.N. (acide désoxyribonucléique) molécule géante (macromolécule) à double hélice (modèle proposé par Watson et Crick en 1953).
Cette molécule est elle-même non vivante, c'est bien là un paradoxe ! Elle pourtant est ce qui permet l'émergence du vivant.
L'A.D.N. est une sorte de "cristal apériodique" dont la structure permet de stocker une gigantesque information génétique, nécessaire au fonctionnement d'un organisme vivant. Elle comprend environ trois milliards de signes. L'A.D.N. assure la fabrication d'un organisme, envoie sa "copie" dans chaque cellule, se transmet aux descendants par mélange ou recombinaison de séquences de gènes. Le code de cette information est en analogie avec le langage informatique. Et de ce fait grâce à l'informatique son décodage est en cours.
S'il est donc impossible d'appréhender la vie en elle-même, en revanche, ses produits, les organismes vivants eux seuls sont observables.
SPINOZA distinguait la vie, qu'il appelait "nature naturante", du vivant "nature naturée".
BERGSON distinguait "l'Elan vital" des ses "retombées", la matière.
PROBLEMATIQUE
Comment la vie a-t-elle pu émerger de la matière inerte ? Qu'est-ce qui "donne vie" à un organisme ? Faut-il supposer comme le dit la Bible l'existence d'un principe créateur appelé Dieu qui anime la matière par son "verbe" ? Ou bien la nature contient-elle en elle-même un principe auto-dynamique ? Pourquoi ne pouvons-nous pas créer la vie ? Et, pourquoi la vie se retire-t-elle nécessairement des corps, les réduisant à l'état de cadavres ? Si l'être humain ne peut pas créer la vie, il peut, de différentes manières, agir sur elle, cette manipulation a-t-elle des limites ? La connaissance du vivant ne donne-t-elle un pas pouvoir exorbitant au biologiste ? Aujourd'hui la PMA (Procréation Médicalement Assistée) donne aux êtres humains des possibilités inouïes sur la fécondité, transformant complètement les relations parentales à travers le temps et l'espace : congélation de sperme, d'ovules, fécondation in vitro, insémination artificielle, mère porteuse, clonage, sélection des gènes du futur enfant …. A quels excès, à quels dangers cela peut-il conduire ? Si la structure de la famille mute, l'être humain va-t-il changer ? Dans quel sens ?
La modification des gènes du vivant n'est-elle pas beaucoup plus dangereuse que celle de la matière puisque le vivant se reproduit et se multiplie ? Les conséquences ne sont-elles pas imprévisibles ? En échappant nécessairement à la volonté et au contrôle du biologiste, ces expériences ne sont-elles pas un jeu d'apprenti sorcier ? Peut-on toucher au programme génétique des différentes espèces sans risques pour les autres espèces ? A qui appartient le patrimoine génétique de l'humanité ? A-t-on le droit de le modifier ? L'être humain peut-il tirer des "leçons" de la connaissance du vivant ? La connaissance des phénomènes de la vie peut-elle éclairer le philosophe dans sa quête de sens ?
Si comme le pensent de nombreux scientifiques, l'évolution de la vie est guidée par le hasard, et si elle n'est pas terminée, alors, le biologiste peut-il se permettre d'orienter l'évolution, de lui donner une finalité conforme à sa volonté, et à des valeurs humaines ? Mais les intérêts économiques ne sont-ils pas les plus forts ? Sommes-nous assez savants pour gouverner la nature ? La nature ne nous apprend-elle pas, à nos dépens, que les vaches ne sont pas carnivores ? Ne sommes-nous pas encore très ignorants sur le transgénique, (les O.G.N).
Un rapide "zoom" sur la nature risque de sérieusement limiter nos prétentions. Notre cerveau est fabriqué, entre autres organes, par l'A.D.N. Le cerveau humain est de loin la structure la plus complexe que l'on puisse observer dans l'univers. Sa complexité dépasse de loin celle du cosmos. Mais l'A.D.N. semble nécessairement plus complexe que le cerveau. Allons encore plus loin : quelle est la cause de l'A.D.N., quelles sont ses conditions de fabrication, avec quelles forces, quelles lois, quels codes la nature produit-elle l'A.D.N. ?
Revenons sur notre propre cerveau, dont nous savons que la plus grande partie reste inexploitée. Peut-on réellement lui faire confiance pour comprendre des mécanismes qui le dépassent infiniment ? Comment le cerveau, produit de la nature, pourrait-il comprendre ce qui le produit ? N'est-ce pas un cercle vicieux ?
Et cependant le cerveau est le carrefour stratégique de la vie et de la connaissance de la vie c'est-à-dire de la biologie.
En quoi la vie se distingue-t-elle de la conscience ? Est-ce la vie qui produit la conscience ou la conscience qui produit la vie ?
Le vivant est dans un état transitoire, entre la naissance et la mort, fragile, non seulement en perpétuel déséquilibre, mais oscillant entre la santé et la maladie.
1. Le mythe de l'arbre de la vie |
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Cf. : la Bible : dans le paradis terrestre il existe deux arbres : l'arbre de la connaissance et l'arbre de la vie. Alors qu'il est interdit de "goûter" au premier, le second est autorisé. L'arbre de la vie ne devient inaccessible qu'après la chute. Existe-t-il un moyen de ne pas mourir ?
Le symbole de l'arbre de la vie est une sorte de paradigme c'est-à-dire de modèle idéal du vivant.
1. Le tronc et l'arborescence symbolisent le phénomène de diversification, de ramification, de complexification propres aux êtres vivants. Des millions d'espèces vivantes émergent à partir d'un tronc commun (cf la NEGENTROPIE).
2. L'arbre est le lieu où s'opère un phénomène de photosynthèse c'est-à-dire de transformation de la matière (terre, éléments chimiques), de l'énergie solaire en fruits, oxygène, verdure (fonction chlorophyllienne). = TRANSMUTATION.
3. L'arbre existe potentiellement dans chacune de ses parties, chaque graine, chaque noyau contient de l'A.D.N.
On peut aller plus loin et se demander s'il existe un "code des codes". Ce qui reviendrait à s'interroger sur l'évolution générale de la vie, des vivants. Est-elle programmée au départ ? ?
4. L'arbre relie la terre et le ciel. La vie relie-t-elle la matière et la conscience ?
(L'évolution : minéral - végétal - animal - homme +conscience)
2. Evolution historique de la biologie |
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1. Le finalisme d'Aristote (-384/ -322)
Le finalisme est une théorie qui affirme que la nature tout entière tend vers un but. La finalité suppose une orientation des êtres de la nature vers une harmonie ou un sens. La formation de chaque être vivant et la hiérarchisation des êtres vivants suivent un plan, un but, une "intention" de la nature (pas nécessairement compréhensible par l'homme). Chaque organe est lui-même "fabriqué" pour accomplir une fonction, en vue de l'harmonie de tout l'organisme. La finalité de l'œil est la vision, celle de l'estomac est la digestion etc. Et tous les êtres vivants existent en vue d'une fin. La nature est un ensemble harmonieux dans lequel chaque être est à sa place et a sa raison d'être. Cette théorie suppose une sorte d'intention consciente de la nature.
2. Le mécanisme de Descartes (XVII°)
La théorie mécaniste s'oppose au finalisme. Elle considère que toute la nature fonctionne comme une grande machine. Il n'y a aucune intention cachée de la nature, ni aucune âme qui animerait l'organisme. L'âme est une substance différente de celle du corps. Le corps est une sorte d'automate. Le cœur est comme une pompe-chaudière, les artères sont comparés à des canaux…la circulation à un système hydraulique. Cf la théorie des "animaux-machines" de Descartes.
Au sens large, le mécanisme ou, plus tard, le "mécanicisme" est l'explication du vivant à partir de ses propriétés physico-chimiques.
3. Le finalisme de Kant (XVIII°) ou principe téléologique
Pour Kant, un organisme vivant ne peut en aucun cas se comparer à une machine. Un chat vivant et une horloge ne fonctionnent pas de la même manière. Le chat respire, se reproduit, s'auto-répare (guérit, cicatrise), Les êtres vivants sont organisés selon une finalité qui ne peut que susciter notre admiration.
"Un être organisé n'est pas simplement une machine, car la machine possède uniquement une force motrice ;mais l'être organisé possède en soi une force formatrice" Kant
4. Le vitalisme
En réaction contre le mécanisme, la théorie vitaliste affirme que l'essentiel de la vie ne s'explique pas par des propriétés de la matière mais par une force spirituelle qui la dépasse et l'anime.
Bordeu et Barthez (XVIII°) expliquent la sensibilité des fibres nerveuses par la présence d'une "âme"
Pour Bergson (XX°) La vie est une force vitale mystérieuse, un élan créateur, inexplicable par la raison et l'intelligence. Cet "élan vital" ou encore "l'évolution créatrice" ne peuvent être saisis que par l'intuition pure de la conscience. Les choses inertes et l'intelligence ne sont que des "retombées" de l'élan vital, tandis que la conscience en est la fine pointe.
4. L'évolutionnisme
a. Lamarck (1744-1829) : Transmission des caractères acquis
Selon Lamarck, l'influence du milieu oblige l'organisme à s'y adapter. L'adaptation transforme les espèces. Par exemple, en cas de sécheresse, la girafe tire sur son cou pour manger les feuilles. Celle qui allonge le plus son cou survit puisque contrairement aux autres, elle peut attraper les feuilles les plus hautes. Donc elle survit et transmet cette modification morphologique à ses descendants.
b. Darwin (1809-1882) : transmission des caractères innés
Selon Darwin, la vie des espèces implique une lutte pour la vie. En outre il se produit des mutations génétiques. Dans ce combat, les individus les plus aptes (en raison de leur patrimoine génétique) survivent. Ils transmettent donc par hérédité leurs caractères génétiques. Sélection naturelle.
5. Naissance de la biologie comme science (Fin du XIX°)
a] Claude Bernard XIX° donne à la médecine un statut scientifique.
La difficulté d'expérimenter sur le vivant explique l'apparition tardive de la biologie scientifique. C.Bernard invente une méthode pour étudier le vivant, c'est-à-dire un organisme en train de vivre. Jusque là, paradoxalement on essayait de comprendre la vie à partir de l'étude des cadavres grâce à la dissection. Mais ce travail était impossible à pratique sur l'homme parce que l'Eglise interdisait la dissection sur les êtres humains. Cl.Bernard propose une expérimentation directe sur le vivant. (D'où plus tard l'extension de la vivisection, les expériences sur les animaux de laboratoire, et combat de B.Bardot !)
Dans son livre Introduction à la médecine Expérimentale, Cl.Bernard décrit ses expériences sur le chien, pour mettre en évidence la fonction glycogénique (fabrication du sucre) du foie. Il propose de formuler les résultats des expérimentations à l'aide d'un langage mathématique, chiffres, courbes, statistiques, lois… La biologie scientifique est née.
b] Découverte de la GENETIQUE. J. Monod et F. Jacob (XX°).
A la base de la vie il y a un gigantesque programme d'informations codées.
En 1971, Monod et Jacob publient ensemble : Le Hasard et la Nécessité. (Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne).
Résumé du livre :
1. "De la bactérie à l'homme la machinerie est la même." : l'A.D.N. et l'A.R.N. messager.(Voir vos livres de biologie sur la double hélice de L'ADN. Dans un œuf humain, par exemple, il y a 10 12 informations codées.
2. Le hasard : De temps en temps, il se produit des "accidents", des "failles", des "anomalies" dans le programme de réplication de l'ADN. Donc, un nouveau codage apparaît. Ce nouveau codage fabrique un être nouveau : un mutant, même si la mutation est minime.
3. La nécessité : Ce mutant est jeté dans la nature où règnent des lois nécessaires et déterminées, les lois de la jungle par exemple. Et là, de deux chose l'une :
- ou bien à cause de cette mutation l'être vivant est moins bien équipé, moins adapté, voire sous-adapté dans son milieu, et dans ce cas, il est rapidement éliminé. Il ne laisse pas de descendant. Cette mutation disparaît.
- ou bien, il est mieux équipé dans le combat pour la vie, que les autres, voire il est sur-adapté, il survit, se reproduit, transmet son nouveau code génétique à ses descendants et est à l'origine d'une nouvelle espèce.
4. Le paradoxe : C'est à partir des défaillances de la "machinerie" et donc d'une imperfection initiale que les êtres vivants se complexifient et deviennent de plus en plus parfaits…!
5. L'évolution est loin d'être terminée. J.Monod écrit qu'il y a 10 6025 combinaisons possibles de la molécule d'ADN. Nous sommes donc loin d'être arrivés au bout du chemin de l'évolution, peut-être même n'en sommes-nous qu'au commencement.
Monod réintroduit d'une certaine façon la finalité à l'intérieur de la biologie à travers la notion de "téléonomie". Il est évident que le code génétique a une finalité, celle de construire un organisme déterminé.
c] Diversification actuelle de la biologie
Aujourd'hui la biologie s'est divisée en de très multiples branches. Médecine, bactériologie, virologie, hématologie, génétique, biologie moléculaire, biotechnologies ….
d] l'exobiologie
Les biologistes cherchent des traces de vie à l'extérieur de la terre, voire du système solaire. Les Soviétiques ont découvert des fossiles de végétaux et d'insectes sur des aérolithes, pierre tombées du ciel, donc venant d'ailleurs que de la terre.(Science et Avenir 2000)
e] Mise en relation de la biologie avec l'astrophysique
La terre, nous disent les astrophysiciens, est constamment bombardée par le rayonnement cosmique. D'où l'explication possible des mutations biologiques par cette cause.
Point de rencontre de la vie et de la connaissance (la biologie).
Le vivant le plus extraordinairement complexe que l'évolution ait produit, nous l'avons vu dans la problématique, est le cerveau humain. Et ce produit a ceci de remarquable : il essaie de comprendre le monde qui l'a produit.
On peut penser que s'il existe une complexité supérieure à celle du cerveau, non seulement il ne pourrait certainement pas la comprendre, mais il ne la percevrait sans doute même pas.
1. Le cerveau est donc un univers gigantesque, d'une complexité supérieure à tout ce que nous connaissons, y compris l'ensemble du cosmos.
J. Changeux, dans L'homme Neuronal, décrit le cerveau. Celui-ci est formé de plus de 15 milliards de neurones disposant chacun de plus de 600.000 connexions (de nature chimique et électrique). De quel type de cercle vicieux s'agit-il quand le cerveau étudie le cerveau ?
2. Le cerveau intermédiaire absolu entre le monde et "nous", il interprète le monde..
Le cerveau capte des milliards d'informations (vibrations de toutes sortes) et par l'intermédiaire des récepteurs sensoriels, les traduit en perceptions visuelles, auditives, tactiles, gustatives, olfactives.
Il existe au XX° siècle une expérience très intéressante, décrite dans le cours sur la VERITE, que nous reprenons ici.
On place un sujet dans une pièce noire et silencieuse. On lui pose des électrodes sur le crâne, au niveau des récepteurs sensoriels, vue, ouïe, toucher, odorat...., et l'on envoie un très faible courant électrique sélectivement, et successivement sur les différents récepteurs. D'abord, le sujet "voit" des figures précises et colorées, qu'il peut décrire et mesurer sur le mur qui lui fait face. (On peut dire que la fonction touchée dans son cerveau a spatialisé le stimulus qui n'était que de nature électrique). Ensuite, il se met à entendre des sons qui se suivent dans la durée, (il a temporalisé le même stimulus), puis, il sent des "contacts" comme si de petits insectes se promenaient sur la peau de son visage, enfin, il sent des odeurs....... Bref, le même stimulus, le courant électrique, est traduit, ou plutôt interprété en fonction des zones qui reçoivent l'information. Aujourd'hui, des casques à rayon laser stimulent des zones cérébrales pour déclencher des sensations diverses et créer tout un monde virtuel.
Cette expérience montre que nous ne percevons pas la réalité, (ici le courant électrique), telle qu'elle est, mais que nous la "transformons" en fonction de nos structures intérieures, c'est notre cerveau qui les interprète en fonction de ses propres codes.
Le problème est de savoir comment le cerveau traduit. Quelles transformations, quelles distorsions opère-t-il sur les données qu'il capte ? En tout cas le monde n'est pas comme nous le percevons. Ce que nous percevons est une construction de notre cerveau.
Il est d'ailleurs possible de modifier ces traductions de notre cerveau :
- par des substances diverses, drogues cf les expériences de Castañeda, décrites dans son livre : Voir (Les enseignements d'un sorcier Yaqui)...
- par des rituels, exercices de méditation, yoga, derviches tourneurs, cérémonies "magiques"...
3. Les localisations cérébrales
a) cerveau "tri-unique" de Mac Lean : -paléocéphale : instinctivité
-mésocéphale : affectivité
-néocéphale : connaissance
b) Les "zones" de BROCA (dont l'aire 44 qui gère le geste et la parole)
c) Travaux actuels
Le cerveau gauche situé dans l'hémisphère droit serait le lieu de perception des images visuelles, sonores, des formes, figures, symboles : sorte de RADAR. Cerveau des rêveurs, des poètes, des artistes … Il est réceptif
Le cerveau droit situé dans l'hémisphère gauche commanderait le langage, toutes les opérations logiques, abstraites, mathématiques, il fabriquerait toutes les sortes de PROTHESES qui nous servent à comprendre .le monde. Il est émetteur.
4. Le cerveau-mémoire
Il Contient sans doute stock phylogénétique (héritage de l'espèce) et ontogénétique (souvenirs de l'individu). Les travaux de Freud prouvent que "Rien n'est oublié". Tous nos souvenirs sont conservés, et codés sous formes d'éléments physico-chimiques dans des neurones particuliers.
Les neurones qui ne sont pas programmés disparaissent plus vite que les autres. A partir de 20/25 ans le cerveau perd 10 000 neurones par jour !! (Donc pour conserver sa mémoire il faut s'en servir).
5. Les différents états de conscience
Les différents états de conscience (sommeil, coma …peuvent être indiqués par les EEG (électroencéphalogrammes) ils se traduisent par différents types d'ondes. L'onde alpha, de 8 à 13 oscillations par seconde, est produite dans les états de relaxation, de recharge en énergie. Il est possible de produire cet état grâce à des techniques différentes (méditation, prière, yoga…). Aux USA le contrôle se fait par l'intermédiaire d'un appareil appelé "Biofeedback".
6. Le cerveau inutilisé
Le cerveau ne serait utilisé qu'à 1/100e de ses possibilités (selon le Pr. Lhermite), à 1/1.000.000e selon des travaux récents (1991) de biologistes allemands. Cela pose le problème des facultés encore inconnues du cerveau humain ?
7. Les stimulateurs cérébraux
Le premier stimulateur cérébral (ou pacemaker cérébral) a été inventé par le professeur Delgado, de université de Madrid. Il a montré qu'en fixant des électrodes dans des zones sélectionnées du cerveau d'un taureau, On pouvait à partir d'une télécommande déclencher à distance un comportement d'agression ou de soumission.
Sur l'homme, le pacemaker cérébral permettrait de stimuler ou d'interrompre la douleur et le plaisir. On saisit tout de suite l'ambivalence de cette technique. Elle est capable d'être utilisée pour torturer des êtres humains sans laisser aucune trace visible. Elle peut servir à calmer, voire anesthésier, les douleurs chirurgicales ou terminales (= celles des mourants).
Des expériences ont été faites sur un groupe de singes. Des chercheurs leur ont appris, à l'aide d'une télécommande à stimuler artificiellement des électrodes situées sur leurs zones cérébrales réceptives au plaisir. Tellement "heureux", ils ne cessaient de stimuler, au point d'en oublier de manger et de se reproduire. Ils sont tous morts de plaisir !
4. Les pouvoirs du biologiste |
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Presque tous ces pouvoirs apparaissent immenses, et contre nature parce qu'ils vont au-delà des limites. La nature demande souvent à être réparée ou améliorée …et la biologie le permet souvent .
Mais le progrès de la science (du rationnel) engendre parallèlement une montée de l'irrationnel. La science occupe dans notre société une fonction magique. Elle alimente les fantasmes les plus fous.
Lire Rostand : Aux frontières du surhumain.
Hibernation, lyophilisation, congélation, fabrication d'animaux-chimères, de microbes nouveaux, greffes, manipulations génétiques.
Lire Huxley : Le meilleur des mondes : il imagine un monde où l'on réaliserait les possibilités de la biologie….Il montre que cette société serait terrifiante, qu'elle annulerait toute liberté.
Aujourd'hui, les pouvoirs que donne la biologie à l'humanité sont tels qu'ils donnent le vertige. En voici seulement quelques exemples :
1. Les manipulations génétiques
* Sur les végétaux : les O.G.N (organismes génétiquement modifiés). Pour rendre certains aliments plus résistants et plus productifs, les biologistes ont introduit des gènes de scorpion dans les tomates ou encore des gènes de méduse dans le maïs par exemple. La production alimentaire décuplée pourrait être une solution à la malnutrition. Mais d'une part ces O.G.N. sont stériles, d'autre part, on ne sait pas de quelle façon les modifications génétiques vont se répercuter sur les différents consommateurs de ces produits, vers, oiseaux et surtout humains. Les généticiens n'excluent pas la possibilité d'une déstabilisation en chaîne des codes génétiques. Le risque est encore non calculé, non prévisible.
* Sur les organismes animaux ou humains : Les animaux transgéniques, souris, singes… Récemment on vient de produire un macaque Rhésus transgénique surnommé "ANDI" (Le Monde du 13/01/01) pour mettre au point des traitements du Sida et du cancer du sein.
* La thérapie génique consiste à corriger une maladie héréditaire par transfert du gène normal dans les embryons déficitaires. Ce gène s'ajoute au gène muté. Cette technique vient de donner d'excellents résultats pour les "enfants-bulle" dont le système immunitaire était défaillant.
D'énormes difficultés demeurent : chez l'être humain, par exemple, la maladie d'Alzheimer ne dépend pas d'un seul gène mais d'une combinaison de plusieurs gènes et de plus cette même maladie résulte de combinaisons différentes chez des sujets différents.
2. Les substances biochimiques
Antibiotiques, Mélatonine, Viagra, DHEA, Prozac …modifient la qualité de vie, les performances normales, et même, indirectement, la durée de vie. Celle-ci a doublé en cent ans.
3. La PMA (Procréation Médicalement Assistée), qui utilise tous les progrès de la technologie et de la génétique, permet de pallier la stérilité des couples.
a) La FIV, (Fécondation in vitro). Grâce à la congélation de sperme (les ovules ne peuvent pas être congelés pour le moment) de donneurs anonymes ou non, les difficultés d'espace et de temps sont résolues. Il devient possible de féconder un ovule avec le sperme d'un homme qui se trouve à l'autre bout du monde ou encore d'un homme mort depuis longtemps. Les morts peuvent désormais engendrer ! Les femmes peuvent "vendre" leurs ovules. (Récemment, (Nov.1999), sur Internet des "top models" ont mis en ventes leurs ovules). L'embryon obtenu dans une éprouvette peut être implanté dans l'utérus d'une femme (mère ou mère porteuse), ou congelé et mis en attente. L'enfant pourra avoir plusieurs parents.
(La FIV. est interdite par le Vatican).
b) L'ICSI (Intracytoplasmic Spermatozoïd Injection)
Lors de la fécondation "naturelle" ou de la FIV, des millions de spermatozoïdes entourent l'ovule qui n'en "choisit" qu'un. On ne sait pas exactement sur quels critères. Il semble que ce soit le spermatozoïde qui contienne les gènes les plus différents des siens. Or en raison de la baisse (inexpliquée) de la fertilité masculine, dans l'ICSI on prend un seul spermatozoïde qu'on introduit "de force", à l'aide d'une impulsion électrique, dans l'ovule. Certains biologistes ont parlé de "viol de l'ovule". L'expression est exagérée, mais on ne sait pas du tout si, en situation "normale", c'est bien ce spermatozoïde qui aurait été choisi et, de ce fait, on en ignore les conséquences biologiques ou psychologiques.
4. Le diagnostic pré-implantatoire. Il est possible d'identifier certains gènes défectueux sur un embryon, d'éliminer celui-ci, et donc de choisir celui qui ne présente aucune altération, avant de l'implanter.
5. Le clonage ouvre sur des difficultés immenses. Il existe deux sortes de clonages :
a) Le clonage reproductif
La possibilité de fabriquer le double parfait de quelqu'un libère les fantasmes les plus fous.
En Févr.1997 le premier clone a été réussi, après 277 essais, la brebis Dolly. Depuis de nombreux autres clones ont été produits. Aux USA, des laboratoires privés (le Docteur Seak à Chicago, la secte des Raëlien aux Bahamas) ont affirmé leur intention de fabriquer des clones humains. De nombreux couples sont stériles. Le marché est gigantesque.
- L'on pourra donc bientôt fabriquer son clone, le laisser grandir jusqu'à 20 ans, puis le congeler afin qu'il serve de banque d'organes. C'est le rêve de nombreux Américains. En effet c'est la seule manière d'éviter tout rejet de greffe !
- De nombreux hommes désirent avoir un enfant identique à eux. Le clonage permettra de réaliser ce type d'enfant. Mais est-ce bien un "fils" ou une "fille" ou plutôt un jumeau décalé dans le temps ?
b) Le clonage thérapeutique pourrait aussi, à partir de cellules embryonnaires du clone sélectionnées, servir à fabriquer, non pas un organisme, mais des tissus, ou des organes.
6. La bio-électronique
A partir d'implants cérébraux, un homme entièrement paralysé a le pouvoir de commander son ordinateur par la force de sa pensée ! (Le Monde 6/12/99)
Le futur "homme bionique" se réduira-t-il à un cerveau couplé à un robot ?
7. Le gène de la mort
Les généticiens pensent que la durée de la vie serait modulée par un gène ou une combinaison de gènes. Pourra-t-on bientôt le modifier et allonger la vie ? Sommes-nous proches de l'immortalité au moment où la terre devient justement inhabitable ?
Ce ne sont que quelques exemples choisis parmi un très grand nombre.
Cependant, malgré tous ces progrès il reste encore bien des énigmes, et des obstacles. Le cancer, le virus "Ebola", ou celui du sida, et de très nombreuses maladies, ne sont toujours pas vaincus. L'A.D.N. n'est encore pas décrypté (=décodé).
Il n'y a pas de recherches sans expérimentations. Celles-ci coûtent très cher, des milliards de dollars, et sont réalisées essentiellement par des laboratoires privés. Leur logique est uniquement économique, fondée sur la rentabilité. Il est impossible d'arrêter la science. D'où les multiples dangers. Des biologistes en prennent conscience, avertissent le public. Le professeur Jacques Testart, il y a quelques années, a donné publiquement sa démission au congrès de biologie de Montreux. Toutes ces découvertes posent des problèmes légaux, et philosophiques surtout d'ordre éthique. Il s'est créé de nombreux comités de bioéthique pour réfléchir sur les limites à ne pas dépasser. Mais la nature peut-elle nous éclairer ?
5. La nature peut-elle servir de modèle? |
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D'abord la notion de nature est très complexe puisqu'elle comprend les règnes minéral, végétal et animal. La nature est tout ce qui existe en dehors de l'homme et de la civilisation, Sa complexité est pyramidale. Elle s'accroît en allant du macroscopique au microscopique ! Examinons les différents "niveaux" de la nature :
- 1. La nature au sens le plus large c'est l'immensité du cosmos que nous ne connaissons que très peu. Nous savons que nous ignorons la nature de 90 à 99 % de l'univers (CF H.Reeves). Ce que nous savons c'est que les galaxies, les étoiles, tous les corps cosmiques, les minéraux, sont déterminés par des lois physiques rigoureuses que la science arrive à connaître et à exprimer par des formules mathématiques. Mais nous savons aussi que quantités d'événements dans la nature sont imprévisibles (cf théorie des "catastrophes" ou du "chaos").
- 2. La nature c'est en un sens plus restreint sur la terre tout ce qui concerne, non seulement le minéral, mais tout le règne végétal. Les forêts, les fleurs, les plantes reliés entre eux par un très subtil écosystème.
- 3. La nature c'est l'ensemble du monde animal. Le règne animal obéit à une dure loi, celle de la sélection naturelle ou "chaîne alimentaire". Partout, le plus fort, ou le plus gros mange le plus petit.
- 4. Font partie de la nature, tous les instincts des animaux. Chaque animal, en effet a un comportement spécifique programmé par ses gènes. Les éthologues (spécialistes du comportement animal) décrivent une incroyable diversité dans les instincts. Aucune espèce n'est semblable à une autre. Certains comportements nous paraissent aberrants.
Le pôle naturel de l'homme, d'après Freud, est le "ça", c'est-à-dire ses pulsions (de vie et de mort).
- 5. A un niveau plus profond et invisible, l'organisme est un élément de la nature. (L'homme est en partie "naturel" par son organisme). Il comprend tous les organes dont la fonction est précise. Chaque organe assure un travail déterminé. Il dépend en même temps de tous les autres et tous les autres dépendent de lui. Toute cette organisation obéit à une harmonie invisible.
- 6. Sur le plan microscopique les microbes, (organismes microscopiques unicellulaires) parmi lesquels les bactéries et les virus…
- 7. Enfin au niveau limite pour notre connaissance, l'A.D.N. est un élément fondamental de la nature. Puisque c'est lui qui orchestre dans les coulisses tout le monde vivant. Il contient toute l'information nécessaire pour chaque organe, pour chaque être vivant, pour tous les vivants, sous forme de code. On ignore combien d'articulations comprend ce code ?
La notion de MODELE est, elle aussi, ambiguë :
Le modèle peut être un exemple à suivre, ou à copier ou encore source d'inspiration.
Si la nature peut être un modèle pour l'homme, encore convient-il de se demander dans quel domaine, scientifique ? artistique ? technique ? politique ? moral ?
1. Science
Lorsque le scientifique "modélise" la nature à travers une théorie mathématique qui la rend intelligible, la nature est une sorte de modèle-original.
2. Art
Avant de se poser cette question on peut se demander d'abord si la nature peut être considérée comme une œuvre d'art ? Répondre oui, impliquerait un créateur, un Dieu artiste. Mais la nature comprend bien des ratés et des échecs ! Si Dieu existe, fait-il des brouillons ?
Les artistes prennent souvent la nature comme modèle, fruits, coquillages, fleurs, animaux, paysages … Mais l'artiste ne copie pas. Son regard transfigure ce qu'il voit. Il ne peint pas les choses mais sa vision des choses. Le modèle n'est pour lui qu'un support pour son génie.
3. Technique
Dans la nature toutes les difficultés sont résolues. On appelle bionique un secteur de recherche scientifique systématique des "solutions naturelles".
"Dans la nature, il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions" Wolff.
Par exemple, pour le Concorde, on a effectué des centaines d'études aérodynamiques sur les vols d'oiseaux, avant de trouver la courbe idéale. Pour la fabrication des sous-marins, on a étudié la structure, à sept strates, de la peau des dauphins. Leurs mouvements sous l'eau ne produisent pas de turbulences à la surface, ils ne sont pas repérables par les avions. Etude de leur sonar très exceptionnel, qui permet l'envoi de messages sur de très longues distances et résistant à tous les brouillages.
4. Politique
Pour la société : PLATON se réfère à la Nature (à l'organisme) pour justifier la dépendance et la hiérarchie. Mais cette référence à la nature est floue et dangereuse. En effet dans la nature on trouve tous les modèles de comportements et d'organisation dans les sociétés animales, "despotisme" "tyrannie" "socialisme". Si l'homme "copie" les animaux alors il se condamne à la régression. Un être conscient ne peut pas prendre pour exemple des êtres qu'il juge "sans conscience".
En revanche si l'on prend la notion de nature au niveau le plus radical, dans la structure et l'évolution de l'ADN, alors elle donne l'exemple d'une force complexifiante de création, d'inventivité continuelle et de dépassement vers une perfection plus grande.
5. Morale
Pour la morale (éthique), il est impossible de copier la nature, entendue comme le monde animal. La nature est neutre, elle n'est ni bonne ni mauvaise. Rousseau la voit "bonne" mais il projette.
Nature c'est la vie, beauté, générosité à profusion, mais la nature c'est aussi la mort partout, les épidémies, la violence, les monstres, les anomalies, les cataclysmes, la laideur dans tous les genres. Rousseau se réfère aux animaux pour analyser la pitié. Mais, Tinbergen, un éthologue (spécialiste du comportement animal) décrit dans La vie sociale des animaux des comportements animaux qui nous paraissent monstrueux. Chez la punaise des bois, le mâle féconde la femelle en lui perforant l'abdomen, les larves qui éclosent se nourrissent du cadavre de leur mère ! Les mœurs de la mante religieuse sont connues ! On trouve toutes les "perversions" possibles dans le monde animal. Les animaux se nourrissent les uns des autres.
Le "contact" avec la nature n'élève pas forcément l'homme. cf. l'enfant sauvage. La criminalité à la campagne est la même qu'à la ville. La nature agresse l'homme de multiples maux.
6. Les problèmes de bioéthique |
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La biologie rencontre le droit et la philosophie sur plusieurs terrains.
Voici quelques exemples :
Juridique
- L'embryon viable a une personnalité juridique. A-t-on le droit de le modifier, de le détruire ?
- L'A.D.N. humain est un trésor, il est un patrimoine de l'humanité. En ce moment, il existe environ 100.000 embryons congelés, en attendant d'être inséminés. Que faire des embryons non utilisés ? A qui appartiennent-il ?
- Si la destruction des embryons et des fœtus est légale (IVG) comment interdire celle des embryons non utilisés, voire les expérimentations sur eux ?
- Peut-on porter plainte contre le fait d'être né malformé ? (Cf L'arrêt Nicolas Perruche, Nov. 2000) La vie est-elle un préjudice ?
Philosophique
* Anthropologie
- La fécondation in vitro avec donneurs de sperme ou d'ovules, casse la structure triangulaire de la parenté. Un enfant peut avoir jusqu'à cinq parents, cela pose le problème de la pluriparentalité. Qui sont les "vrais" parents ? La notion traditionnelle de famille éclate.
- Si des centaines de fécondations sont possibles à partir d'un seul donneur, comment éviter l'inceste ?
* Psychologie
- Quelles sont les conséquences psychologiques pour un embryon de rester congelé plusieurs mois voire plusieurs années, s'il existe comme le dit Freud une mémoire prénatale ?
- La procréation existe sans sexualité, sans amour, sans aucune rencontre physique des deux géniteurs, sans même qu'ils se connaissent.
- L'effacement des racines puisque les donneurs sont anonymes. Or l'enfant a besoin d'un lien symbolique avec le visage ou au moins l'identité de ses géniteurs.
* Politique
Grâce au diagnostic préimplantatoire qui permet l'analyse des gènes d'un embryon, on peut éviter de laisser se développer un embryon porteur de gènes défectueux. On peut donc éviter le pire et chercher le meilleur. Comment éviter l'enfant à la carte (choisi selon les fantasmes des parents et les critères de la société) ? Déjà en Inde ce diagnostic permet l'élimination des filles. L'eugénismese profile.
* Morale ou éthique
- Faut-il exiger la liberté de procréer à tout prix ? Le don de la vie est-il un droit absolu ? Faut-il le refuser aux célibataires, aux homosexuels, aux géniteurs présentant des maladies génétiques ?
- A-t-on le droit de cloner des être célèbres depuis longtemps disparus (si l'on possède leur A.D.N.) Ramsès II, Napoléon, etc… ou des morts de la famille, (un grand-père, un enfant mort très jeune) ?
- Le clonage reproductif (qui revient, en fait, à vouloir et à réaliser l'existence d'un être génétiquement identique à soi) respecte-t-il le droit de l'individu à son originalité et à son unicité ? A-t-on le droit de déterminer de sa propre volonté toutes les caractéristiques d'un enfant ou est-il plus moral d'accepter qu'il soit différent et absolument unique ?
(Problème des jumeaux qui considèrent le plus souvent leur gémellité comme un cadeau de la nature !)
- Utiliser son propre clone comme banque d'organes, c'est s'en servir comme d'un objet, l'instrumentaliser, lui ôter non seulement toute dignité mais même son droit à vivre.
- La sélection d'un embryon non porteur d'anomalie génétique pour faire un enfant capable de sauver un membre de sa famille, sa petite sœur par exemple, atteinte d'une grave maladie génétique, (affaire Valentin Nov. 2000), est-elle moralement défendable ? L'enfant est, lui aussi, instrumentalisé. Mais la vie de l'autre enfant ne méritait-elle pas d'être sauvée ? A quel prix ?
* Métaphysique
- Où commence la dignité de la personne humaine ? A quel moment la conscience est-elle présente ? La conscience se trouve-t-elle déjà, en puissance, dans l'information du code génétique ou se forme-t-elle beaucoup plus tard ?
La structure de notre pensée obéit-elle à celle de nos gènes ? Si oui que pouvons-nous connaître ?
- Sommes-nous la résultante de nos gènes ou plus que nos gènes, des êtres libres ?
- La valeur d'un être réside-t-elle dans son unicité physique, génétique ? (toujours le problème des jumeaux ?).
- La force qui oriente l'évolution des êtres vivants suit-elle une voie aléatoire (= hasard) ou bien obéit-elle à des lois sous-jacentes exprimant une finalité (invisible) ?
- Pouvons-nous changer l'ordre de l'univers, ressusciter des espèces disparues, supprimer la mort…?
Pour l'instant il règne un très grand flou juridique et moral.
Nous ne savons où trouver les modèles qui pourraient nous donner des repères. Il est possible qu'avec un immense recul, la nature elle-même nous renvoie à nos limites (effet de serre, ouragans, inondations, E.S.B (Encéphalopathie Spongiforme Bovine = "vache folle") qui donne chez l'homme la maladie de Creutzfeldt-Jakob etc.) … et nous condamne à comprendre nos erreurs.
Deux attitudes contraires en face de la science :
Le conservatisme : il faut absolument conserver sur tous les plans les structures traditionnelles. Il est souvent proche d'un dogmatisme rigide et paralysant.
L'esprit prométhéen : il faut absolument avancer, dépasser les limites, accepter les transgressions des lois de la nature. Il est souvent dangereux.
Il faudrait que nous soyons capables de calculer les risques. En attendant, aujourd'hui la société préconise le "principe de précaution" : prévision très aléatoire des risques et non engagement de ces risques.
Pour finir il serait intéressant de méditer sur le célèbre :
Serment d'Hippocrate
(Formule moderne qui entre en vigueur en France dès le XV° siècle obligatoire dans les soutenances de thèses par édit royal de 1707.)
"Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité dans l'exercice de la médecine.
Je promets et je jure de conformer ma conduite professionnelle aux règles présentées par le Code de déontologie et aux principes traditionnels qui y sont contenus.
Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent et n'exigerai jamais un honoraire au-dessus de mon travail ; je ne participerai à aucun partage illicite d'honoraires.
Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe, ma langue taira les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Je garderai le respect absolu de la vie humaine, dès la conception.
Même sous la menace, je n'admettrai pas de faire usage de mes connaissances médicales contre les lois de l'humanité.
Respectueux et reconnaissant envers mes maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que j'ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses.
Que je sois couvert d'opprobre et de mépris de mes confrères si j'y manque."
D.Desbornes. 2009.